jeudi 3 janvier 2019

Point de vue nazaréen sur l'Islam

Puisque, dans les autres articles, nous nous sommes principalement intéressés au christianisme, mais très peu à l’Islam,  notre propos, dans la présente étude, sera de combler cette lacune en nous penchant sur Mohammed et la religion qu’ il a fondée. 
Un prophète arabe ?
Etant donné que le nazaréisme n'était au premier siècle qu'un courant au sein du pharisaïsme, il conviendrait de répondre à cette question en faisant appel à la tradition rabbinique. 
Bien que Haza"l reconnaissent l'existence de prophètes non-juifs, ils enseignent aussi que depuis Balaam,  la prophétie n'est plus accessible aux gens des nations.  Nous lisons en effet  dans le Tanna débé Eliyahou  :
« Le Saint Béni Soit-il dit à Shem , le fils de Noé : [ …] Maintenant que j’ai créé les nations , je vais voir s’ ils vont accepter ma Torah. Va et prophétise pour eux.  Shem ben Noa’h prophétisa aux nations   pendant quatre cents ans , et ils n’ ont pas accepté [ la Torah ].  Dès lors , prophétisèrent pour eux , Elifaz le téimanite , Bildad le shouhite et Tsofar le naamatite , Elihou fils de Barkéel le Bouzite , Job du pays d’ Outs , Béor le père de Balaam et Balaam était le dernier d’entre eux.  Et il n’existait aucune chose dans le monde que  le Saint Béni Soit-il n’a pas  révélé à Balaam. Pourquoi ?  Parce qu'il était révélé et su devant lui ( Dieu ) que dans le futur, tous les gentils qui rejettent la Torah diront devant lui, que son Nom soit Béni , au jour du jugement : Si un prophète comme Moïse nous a été donné,   nous aurions accepté ta Torah » 
א״ל הקב״ה לשם בן נח: שם אוהבי אילו היתה תורתי בעשרה דורות הראשונים תאמר כבר החרבתי את עולמי מפניהם. עכשיו שנבראו כל העכו״ם אראה אם יקבלו תורתי עליהם לך והתנבא להם. אז היה שם בן נח מתנבא לעכו״ם ארבע מאות שנה, ולא קיבלו העכו״ם ממנו. מכאן ואילך התנבאו לעכו״ם, אליפז התימני ובלדד השוחי וצופר הנעמתי ואליהו בן ברכאל הבוזי ואיוב מארץ עוץ ובעור אבי בלעם, ובלעם והוא האחרון שבכולם. ולא הניח הקב״ה דבר בעולם שלא גילה לבלעם. ומפני מה? מפני שגלוי וידוע לפניו יתברך שמו שעתידים כל העכו״ם מכחישי התורה לומר לפניו יתברך שמו ליום הדין, רבש״ע אילו נתת לנו נביא כמשה היינו מקבלים תורתך.
( Eliyahou Rabbah 28 )
« Ni le bien ni la justice ne sont venus dans le monde à travers Balaam. Au contraire, celui-ci apporta la médisance et voulut détruire le monde entier. A ce moment là, le Saint Béni Soit-il jura que Sa Présence ne se posera plus sur les gentils, mais seulement sur son peuple Israël et qu’il ne remplacera pas Israël avec un autre peuple ou une autre nation »
לא נמצא בעולם לא דרך טובה ולא דרך צדקה שהיה בא בעולם ע"י בלעם אלא הוא בא לידי לשון הרע ובקש להחריב את כל העולם כולו באותה שעה נשבע הקב"ה לעמו ישראל שלא ישרה את שכינתו עוד על עכו"ם רק בישראל לבד ושלא ישנה את ישראל בעם אחר ולא יחליפם באומה אחרת
( Eliyahou Zouta 10)
Ces passages révèlent qu’ il ne peut plus exister de prophètes gentils après Balaam ; ce qui contredit entièrement la croyance islamique en la prophétie de Mohammed, l’ismaélite. Que l'ère des prophètes gentils fut révolue depuis bien longtemps avant Mohammed,  cet autre extrait, tiré cette fois-ci du Midrash Rabbah, en atteste également : 
« Rabban Shime`on ben Gamaliel dit : Je marchais sur le chemin lorsqu’un homme vint vers moi avec un air menaçant et me dit : « Vous dites que sept prophètes se levèrent parmi les nations du monde et témoignèrent auprès d’elles et qu’elles descendront la Géhenne ». Je lui dit : «  Mon enfant, depuis sept générations, les nations du monde pourraient dire : Puisque la Torah ne nous a pas été donnée et qu’on n’a pas témoigné auprès de nous, pourquoi descendons nous dans la Géhenne ? ».  Je lui dit : « Mon   enfant, ainsi répétèrent les Sages dans la Tradition Orale : Si un converti vient se convertir , on lui tend la main pour l’amener sous les ailes de la Présence Divine.  A partir de là, les convertis d’une génération servent de témoignage auprès de la génération »
אמר רשב"ג פעם אחת הייתי מהלך בדרך מצאני אדם אחד והיה בא אלי כבא על חבירו בזרוע אמר לי אתם אומרים ז' נביאים עמדו לאומות העולם והן מעידין בהן ויורדין לגיהנם אמרתי לו בני כך מז' דורות ואילך יכולין אומות העולם לומר לא נתנה לנו תורה ועדיין לא העידו בנו מפני מה אנו יורדין לגיהנם אמרתי לו בני כך שנו חכמים במשנה גר שבא להתגייר פושטין לו יד להכניסו תחת כנפי השכינה מכאן ואילך גירי הדור מעידין בדור
( Vayiqra Rabbah 2,9 )
 Nous retrouvons pareillement dans le Séder `olam Rabbah : 
« Balaam , son père , Job du pays d’ Outs , Elifaz le téimanite , Bildad le Shouhite , Tsofar le Naamatite  , Elihou ben Barkéel le Bouzite , voilà les prophètes qui prophétisèrent aux nations avant que le Torah n’ait été donnée à Israël.
Depuis que la Torah a été donnée à Israël , cependant, le Saint Esprit fut retiré des nations.
Ainsi , il est dit au sujet de Moïse : « Comment sera-t-il donc certain que j'ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple etc.  »  ( Ex 33,17 ).
A ce moment là, le Saint Esprit fut retiré des nations »
בלעם ואביו ואיוב מארץ עוץ ואליפז התימני ובלדד השוחי וצופר הנעמתי ואליהוא בן ברכאל הבוזי אלו הנביאים שנתנבאו לאומות עד שלא ניתנה התורה לישראל,
אבל משניתנה תורה לישראל פסקה רוח הקודש מן האומות.
וכן במשה הוא אומר: "ובמה יודע אפוא כי מצאתי חן בעיניך וגו' ".
מנין שעשה הקב"ה רצונו?
שנאמר: "הנה אנכי כורת ברית וגו' " - באותה שעה פסקה רוח הקודש מן האומות.
(Séder `olam Rabbah , chap. 22)
Et dans le Talmoud Bavli : 
« Rabbi Yo’hanan dit  au nom de   Rabbi Yossé : […]  Moïse demanda que la Présence Divine ne  se pose que sur Israël et cela lui fut accordée [… ] Il demanda que la Présence Divine  ne se pose pas sur les gentils et cela lui fut accordé »
וא"ר יוחנן משום ר' יוסי  [...]  בקש שתשרה שכינה על ישראל ונתן לו [...] בקש שלא תשרה שכינה על עובדי כוכבים ונתן לו  
( Bérakhoth 7a )
Le Tana"kh affirme clairement  :
« Il révèle sa parole à Jacob, Ses lois et ses ordonnances à Israël;
Il n'a pas agi de même pour toutes les nations,
Et elles ne connaissent point ses ordonnances.
Louez l'Eternel!  »
מגיד דבריו ליעקב חקיו ומשפטיו לישראל׃ לא עשה כן לכל־גוי ומשפטים בל־ידעום הללו־יה׃
( Psaume 147,19-20 )
Ceci nous engage à croire que lorsque Moïse , dans la Torah, a prédit que :
« L'Eternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères »
נביא מקרבך מאחיך כמני יקים לך יהוה אלהיך
( Deut 18,18 )
Il ne pouvait pas s’agir de Mohammed. Ceci est appuyé par le deuxième des treize principes exégétiques de Rabbi Yishma`el, la gzérah shavah ,  גזירה שוה , selon lequel l’occurrence d’un même mot dans un autre verset éclaire le sens du verset ambigu.  Il est dit en effet en Deut 17,15 :
« Tu mettras sur toi un roi que choisira l'Eternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère »
שום תשים עליך מלך אשר יבחר יהוה אלהיך בו מקרב אחיך תשים עליך מלך לא תוכל לתת עליך איש נכרי אשר לא־אחיך הוא
( Deut 17,15 )
Comme dans ce verset, où Moïse, s’exprimant au nom de Dieu, interdit  d’avoir un roi qui n’ est pas «  des tes frères », l’ expression «  de tes frères » désigne l’Israélite, de même, lorsqu’il dit que  « l'Eternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères », cela signifie que le prophète annoncé sera un Israélite, et non, comme le font accroire les apologistes musulmans, un membre de la nation d'Ismaël. 

 Le problème du Naskh 
Outre sa non-israélicité , la  raison pour laquelle nous ne pouvons reconnaître Mohammed comme un prophète véridique est le concept coranique du Naskh , selon lequel  Dieu a abrogé les révélations soit disant antérieures , y compris la Torah elle-même.  Cette idée trouve sa source dans le Coran , où l'on peut lire  :   
« Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu'ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l'Évangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants » ( Coran 7 :157 )
De quel « fardeau » s’agit t-il et quelle sont ces « bonnes choses » que Mohammed déclara licites ?  La réponse est donnée dans la Sourate An-Nisa :
« C'est à cause des iniquités des Juifs que Nous leur avons rendu illicites les bonnes nourritures qui leur étaient licites, et aussi à cause de ce qu'ils obstruent le sentier d'Allah, (à eux-mêmes et) à beaucoup de monde » ( Coran 4 :160 ) 
Et dans la Sourate Al-Anam : 
« Aux Juifs, Nous avons interdit toute bête à ongle unique. Des bovins et des ovins, Nous leurs avons interdit les graisses, sauf ce que portent leur dos, leurs entrailles, ou ce qui est mêlé à l'os. Ainsi les avons-Nous punis pour leur rébellion. Et Nous sommes bien véridiques. » ( Coran 6 :146 ) 
L'on comprend que selon le Coran, les interdits alimentaires prescrits par la loi mosaïque sont abrogées et la Charia islamique a remplacé la Torah qui a perdu toute valeur  contraignante et légale , même pour les enfants d'Israël.  Ibn Kathir dans son Tafsir, écrit ainsi  :
« Si Allah avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. (Coran 5 :48). Il s’agit d’une proclamation du grand pouvoir d’Allah aux nations. Si Allah avait voulu, il aurait fait en sortes  que l’humanité entière suive une seule religion et une seule loi qui ne serait jamais abolie.  Allah décida que chaque prophète aurait sa propre loi qui serait par la suite abrogée partiellement ou dans son entièreté par la loi d’un futur prophète.  Plus tard, toutes les autres lois furent abrogées par la Loi qu’Allah envoya à Mohammed, son serviteur et son messager, qu’Allah envoya aux gens de la terre comme le dernier prophète » ( Tafsir Ibn Kathir sur la Sourah 5 :48 )
Le  statut Mansoukh ( abrogé ) de la Torah est d'ailleurs un principe reconnu par la Sounnah, laquelle est pour les musulmans ce que la Mishnah est pour les juifs.  Il suffit de lire ce hadith rapporté par Ibn Kathir, dans son commentaire sur la Soura 2 , ayah 62 , pour s'en persuader : 
« Au sujet du [ passage qui dit que  ] : « Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les chrétiens, et les sabéens, quiconque d'entre eux a cru en Allah au Jour dernier et accompli de bonnes œuvres, sera récompensé par son Seigneur; il n'éprouvera aucune crainte et il ne sera jamais affligé » , Ali bin Abi Tahlah narra d’ Ibn Abbas qu’ Allah révéla par la suite l’ ayah suivante : « Et quiconque désire une religion autre que l'Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l'au-delà, parmi les perdants » ( 3 :85). Cette assertion d’ Ibn Abbas indique qu’ Allah n’agrée aucune œuvre de la part de quiconque, à moins que cela soit conforme à la Loi de Mouhammad, c'est-à-dire, après qu’ Allah envoya Mouhammad. Avant cela, chaque personne qui suivait les guidances de son prophète était dans la bonne voie , suivait la bonne guidance et était sauvée »
Ibn Kathir le réitère ailleurs :  
« Les juifs sont tenus de suivre le prophète Mouhammad et aucune bonne action de leur part ne sera agrée à moins que cela soit conforme à à la Loi de Mouhammad. Le prophète a apporté un autre livre, le Qour'an, qui est la dernière révélation de la part d'Allah » ( Tafsîr Ibn Kathir sur la Sourate 2 :107 )
L'idée est énoncée explicitement dans le Coran  : 
« Certes, la religion acceptée d'Allah, c'est l'Islam. Ceux auxquels le Livre a été apporté ne se sont disputés, par agressivité entre eux, qu'après avoir reçu la science. Et quiconque ne croit pas aux signes d'Allah, alors Allah est prompt à demander compte! S'ils te contredisent, dis leur: «Je me suis entièrement soumis à Allah, moi et ceux qui m'ont suivi». Et dis à ceux à qui le Livre a été donné, ainsi qu'aux illettrés: «Avez-vous embrassé l'Islam?» S'ils embrassent l'Islam, ils seront bien guidés. Mais; s'ils tournent le dos, ton devoir n'est que la transmission (du message)  »  ( Coran 3 :19-20 ) 
En d'autres termes, toutes les révélations antérieures ont été abrogées et les gens du livre, c'est à dire les juifs et les chrétiens, doivent embrasser l'Islam s'ils veulent être sauvés de l'enfer. 
Le contraste avec ce qu'enseigne le judaïsme est flagrant  :
« Si tous ceux qui viennent dans le monde s’assemblaient pour enlever un Yod, la plus petite lettre, de la Torah, ils n’y arriveraient pas. De qui l’as-tu appris ? Du Roi Salomon, car dès qu’il demanda à enlever un Yod de la Torah, son plaignant est monté [devant la présence de Dieu]. Et qui était le plaignant ? R. Yehoshou`a ben Lévi dit : Le plaignant était le Yod de la Torah. R. Shime`on bar Yo’haï dit : Le livre du Deutéronome est monté et se prosterna devant le Saint béni Soit-il, et lui dit : Seigneur de l’univers ! Tu as écrit dans la Torah qu’un testament en partie aboli est entièrement aboli. Et Salomon cherche à enlever un Yod de la Torah. Le Saint Béni soit-il lui dit : Salomon et une centaine de ses semblables périront mais aucun Yod en toi ne sera jamais aboli »
אם מתכנשין כל באי עולם לעקור יו"ד שהוא קטן האותיות שבתורה, אינן יכולין. ממי את למד? משלמה המלך, שעל ידי שבקש לעקור יו"ד מן התורה עלה קטיגורו. ומי קטרג ? ר’ יהושע בן לוי אמר: יו"ד שבירבה קטרג. ר’ שמעון בן יוחאי אומר: ספר משנה תורה עלה ונשתטח לפני הקדוש ברוך הוא, ואמר לפניו: רבונו של עולם! כתבת בתורתך דייתיקי, שמקצתה בטלה כולה בטלה, שלמה המלך מבקש לעקור יו"ד שבתורה! אמר לו הקב"ה: לך הרי שלמה בטל ומאה כיוצא בו, ויו"ד שבך אינו בטל לעולם
( Midrash Rabbah Shir ha-shirim 5,12 )
«  Rabbi Yo’hanân dit : Les livres prophétiques et les hagiographes seront annulés dans le futur, mais les cinq livres de la Torah ne seront jamais annulés […] Rabbi Shime`on ben Laqish dit : La Méguilah et les Halakhoth non plus ne seront pas annulées »
ר' יוחנן ורבי שמעון בן לקיש. רבי יוחנן אמר: הנביאים והכתובים עתידין ליבטל וחמשת ספרי תורה אינן עתידין ליבטל וכו׳ רבי שמעון בן לקיש אמר: אף מגילת אסתר והלכות אינן עתידין ליבטל
( Talmud de Jérusalem,  Méguilah 1,5 )
Insistons sur le fait que la croyance en la perpétuité de la Torah ainsi que l'idée qu'elle ne sera jamais remplacée par un autre code religieux constituent le neuvième des 13 fondements de la religion d'Israël.  Cette croyance a des implications légales . Le Ramba"m a en effet écrit dans son code de Loi juive : 
« Il est dit clairement dans la Torah que le corps des commandements subsistera à perpétuité. La Torah ne sera jamais changée, ni diminuée , ni changée , comme il est dit : « Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne; vous n'y ajouterez rien, et vous n'en retrancherez rien. » ( Deut 13,2 ). Et : « Les choses cachées sont à l'Eternel, notre Dieu; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi » ( Deut 29,28 ) , ce qui enseigne que l’on doit observer les paroles de la Torah à perpétuité. Il est aussi dit : « C'est une loi perpétuelle pour vos descendants » ( Lev 24 ,3 ) et : «  Elle (la Torah) n’est pas aux cieux » ( Deut 30,12) , ce qui signifie qu’aucun prophète n’a plus le droit d’innover. De ce fait, si un individu se lève d’entre les gentils ou d’entre les Israélites, accomplit un miracle et dit que l’Eternel l’a envoyé pour ajouter ou retrancher un commandement, ou interprète un commandement d’une manière différente de ce que l’on a entendu de Moshéh, ou que les commandements donnés aux Israélites ne sont pas perpétuels, mais ont une durée délimitée, c’est un faux prophète qui est venu contredire la prophétie de Moïse. Et un tel individu doit être exécuté par l'étranglement car il a osé dire au nom de l'Eternel ce que l'Eternel n'a jamais dit.  Car l'Eternel, Béni soit son Nom, a dit que cette loi est pour nous et pour nos descendants à perpétuité et Dieu n'est pas un homme pour mentir. Pourquoi alors la Torah dit-elle que " L'Eternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai. " ( Deut 18,18 ) ?  Il ne viendra pas fonder une nouvelle religion, mais ordonnera d'accomplir la Torah et mettra en garde le peuple de ne pas la transgresser, comme l'a dit le dernier d'entre eux : "Rappelez-vous la Loi de Moïse mon serviteur" ( Mal 3,22) »
דבר ברור ומפורש בתורה שהיא מצוה עומדת לעולם ולעולמי עולמים אין לה לא שינוי ולא גרעון ולא תוספת שנאמר את כל הדבר אשר אנכי מצוה אתכם אותו תשמרון לעשות לא תוסף עליו ולא תגרע ממנו ונאמר והנגלות לנו ולבנינו עד עולם לעשות את כל דברי התורה הזאת הא למדת שכל דברי תורה מצווין אנו לעשותן עד עולם וכן הוא אומר חוקת עולם לדורותיכם ונאמר לא בשמים היא הא למדת שאין נביא רשאי לחדש דבר מעתה לפיכך אם יעמוד איש בין מן האומות בין מישראל ויעשה אות ומופת ויאמר שה' שלחו להוסיף מצוה או לגרוע מצוה או לפרש במצוה מן המצות פירוש שלא שמענו ממשה או שאמר שאותן המצות שנצטוו בהן ישראל אינן לעולם ולדורי דורות אלא מצות לפי זמן היו הרי זה נביא שקר שהרי בא להכחיש נבואתו של משה ומיתתו בחנק על שהזיד לדבר בשם ה' אשר לא צוהו שהוא ברוך שמו צוה למשה שהמצוה הזאת לנו ולבנינו עד עולם ולא איש אל ויכזב א"כ למה נאמר בתורה נביא אקים להם מקרב אחיהם כמוך לא לעשות דת הוא בא אלא לצוות על דברי התורה ולהזהיר העם שלא יעברו עליה כמו שאמר האחרון שבהן זכרו תורת משה עבדי 
( Lois sur les fondements de la Torah 9,1-2 )  
Ibn Kathir évoque comme suit  le rejet, par les juifs,  des prétentions de Mohammed à la prophétie  en raison de la doctrine du Naskh :
«  Allah dit : Ne sais-tu pas qu'à Allah, appartient le royaume des cieux et de la terre, et qu'en dehors d'Allah vous n'avez ni protecteur ni secoureur ? (Sourate 2 :107).
[ … ] Allah juge ses créatures selon sa volonté, permet ce qu’il veut permettre et interdit ce qu’il veut interdire.  Il décide de ce qu’il veut décider et nul ne peut s’opposer à son jugement. Personne ne peut le questionner sur ce qu’il fait, alors (que les hommes) seront questionnés.   Il met à l’épreuve ses serviteurs et leur obéissance à ses messagers par le Naskh. Il ordonne une chose dont il connaît l’avantage et, par la suite, dans sa Sagesse, l’interdit.  Ainsi, l’obéissance parfaite est réalisée par l’adhésion à ses commandements , en suivant ses messagers , en croyant en tout ce qu’ils transmettent , en accomplissant leurs commandements et en évitant ce qu’ils interdisent.
 Les propos d’Allah contiennent un avantage prodigieux, démontrent que les juifs sont des incrédules et réfutent leurs allégations selon lesquelles il  n’y a pas de Naskh, qu’Allah maudisse les juifs. Ils prétendent, dans leur ignorance et leur arrogance, que le bon sens veut que le Naskh n’a pas lieu. Certains d’entre eux prétendent faussement qu’il existe des textes sacrés qui rejettent la possibilité du Naskh.  
L’Imam Abou Jafar bin Jarir dit :
« Cette ayah veut dire, ‘ ne sais  tu pas, ô Mohammed , que les cieux et la terre m’appartiennent à moi seul et que je décide de tout ce que je veux , que j’interdis ce que je veux interdire , que je modifie et abroge ce que je veux parmi mes décisions antérieures , et quand je le veux ? Je maintiens aussi ce que je veux maintenir. »
Ibn Jarir dit alors :
«  Bien qu’ Allah a indiqué sa Grandeur à l’égard de son prophète , il réfuta aussi les mensonges des juifs qui nient que les lois de la Torah peuvent être abrogées. Les juifs ont aussi rejeté la prophétie de Jésus et de Mohammed en raison de leur aversion pour ce qu’ ils ( Jésus et Mohammed ) ont apportés de la part d’ Allah , tel que le changement des lois de la Torah, comme Allah l’a ordonné » ( Tafsîr Ibn Kathir sur la Sourate 2 :107)
Non seulement, cependant, des « textes sacrés qui rejettent la possibilité de l'abrogation de la Torah » existent bel et bien , ainsi que nous l'avons vu dans l'extrait de la Mishnéh Torah que l'on a cité plus haut, mais Yéshou`a ( Jésus ), qu' Ibn Kathir et Abou Jaffar prétendent avoir changé les commandements mosaïques, a lui-même écarté l'éventualité que lui ou un futur prophète puisse modifier ou abolir la Loi de Moïse : 
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.  Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.  » ( Mt 5,17-20 )
« Il est plus facile que le ciel et la terre passent, qu'il ne l'est qu'un seul trait de lettre de la Loi vienne à tomber. » ( Lc 16,17 ) 
Les musulmans : des pieux d’entre les nations ?
Puisque l’Islam enseigne les préceptes noahides, doit-on le reconnaître comme une voie spirituelle légitime et considérer les musulmans comme des « pieux d’entre les nations » ? La réponse est négative. Le Ramba"m, lorsqu’il évoque les «  pieux d’entre les nations » , écrit en effet : 
« Quiconque accepte les lois de Noé et prête attention à leur accomplissement est considéré comme un pieux parmi les nations et méritera une part dans le monde futur. Ceci s’applique seulement lorsqu’un individu les accepte et les accomplit en considérant que le Saint Béni Soit-il, les a ordonné dans la Torah et nous informa que les enfants de Noé furent auparavant ordonnés d’accomplir ces commandements. »
כל המקבל שבע מצות ונזהר לעשותן הרי זה מחסידי אומות העולם ויש לו חלק לעולם הבא והוא שיקבל אותן ויעשה אותן מפני שצוה בהן הקב"ה בתורה והודיענו על ידי משה רבינו שבני נח מקודם נצטוו בהן

( Hilkhoth Mélakhim Ou-mil’hamot 8,11 )
Etant donné que les musulmans observent les lois de Noé non pas parce que la Torah, qu’ils disent avoir été abrogée et remplacée par la Loi de Mouhammad, en ordonne l’observance mais en tant que préceptes islamiques, les musulmans ne peuvent donc pas, d’un point de vue rabbinique, être considérés comme des «  pieux d’ entre les nations ». Au contraire : 
« Les statuts et les commandements de cette Torah sont éternelles et on ne peut ni y ajouter ni  y retrancher. Et quiconque ajoute ou retranche ou défigure la Torah en écartant les commandements de leur sens littéral,  est sans aucun doute un impie et un hérétique »
התורה הזאת חוקיה ומשפטיה לעולם ולעולמי עולמים ואין מוסיפין עליהן ולא גורעין מהן וכל המוסיף או גורע או שגילה פנים בתורה והוציא הדברים של מצוות מפשוטן הרי זה ודאי בדאי רשע ואפיקורוס
( Hilkhoth Mélakhim 10,3 ) 
En outre, d’après la Halakhah, « les gentils ne doivent s’occuper que de leurs sept lois » et « il ne leur est pas permis d'innover en matière de religion ou de se créer leurs propres observances religieuses selon leurs propres avis » mais « doivent soit se convertir au judaïsme et accepter  tous les commandements soit rester dans leur enseignement ( les lois de Noé ) sans rien y ajouter ni retrancher »  ( Hilkhot Mélakhim 10,9 ). L’Islam , parce qu’il prescrit en plus des lois de Noé d’autres obligations religieuses et rituelles, constitue clairement une « innovation » de Mohammed.  Sachant cela, l'on ne s'étonne pas de ce que le Ramba"m , dans ses écrits , se réfère au prophète de l'Islam comme  « le dingue ». 
Bien que l' orthodoxie contemporaine enseigne , sur la base des écrits du Ramba"m , qu' un gentil qui croit en la validité de la Torah ( ce qui n'est pas le cas des musulmans ) et  n'accepte que les lois de Noé peut plaire à Dieu, il nous semble, ainsi que nous l'avons développé ailleurs, que lorsque le Ramba"m évoque le pieux d'entre les nations, il parle d'un gentil qui accepte toute la Torah mais qui n'est pas encore converti et qui, entre temps, respecte au moins les lois de Noé.  L'enseignement rabbinique ancien était d' ailleurs qu' un gentil ne peut plaire à Dieu que s'il se convertit au judaïsme. Ainsi, lisons-nous par exemple dans la Tossefta :
« N'y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères, et parmi tout mon peuple, que tu ailles prendre une femme d'entre les Philistins idolâtres, qui s’adonnent à des pratiques sexuelles immorales, et qui versent le sang », mais « ces incirconcis » (Jg 14,3). De même, nous trouvons dans les écritures que ce n’est pas en raison de leur idolâtrie que le jugement des nations est scellé mais de leur incirconcision comme il est dit : « Tous ces incirconcis qui sont tombés par le glaive » (Ez 32,26). Rabbi dit : Grande est la circoncision car malgré tous les commandements que fit Abraham notre Père, il n’a été appelé parfait que lorsqu’il s’est fait circoncire comme il est dit : « Marche devant ma face, et sois intègre ». Une autre explication: Grande est la circoncision car elle est au même pied que toutes les (autres) lois de la Torah comme il est dit : « Voici le sang de l’Alliance qu’a contractée l’Eternel ». Autre explication encore : Grande est la circoncision car sans elle, les cieux et la terre n’existeraient pas comme il est dit : « Si je n'ai pas fait mon alliance, je n’aurais pas établi le jour et la nuit, les lois des cieux et de la terre »
אינו אומ׳ כי אתה הולך לקחת אשה מפלשתים עובדי ע״ז מגלי עריות שופכי דמים, לא נאמ׳ אלא הערלים , וכן מצינו שלא נתחתם גזר דינן של אומות העול׳ אלא על הערלה, שנ׳ כולם ערלים נפלים בחרב.   ר׳ אומ׳ גדולה מילה, שכל מצות שעשה אברהם אבינו לא נקרא שלם עד שמל, שנ׳ התהלך לפני והיה תמים . דבר אחר גדולה מילה, ששקולה כנגד כל המצות שבתורה, שנ׳ הנה דם הברית אשר כרת ה ׳ וג׳. דבר אחר גדולה מילה, שאילמלי היא לא נתקיימו שמים וארץ, שנ׳ אם לא בריתי יומם ולילה חקות שמים וארץ לא שמתי
(Tosefta Nédarim 2,6)  
Notons que ce dont il est ici question est  la circoncision de l’alliance ( bérith milah ) par laquelle le gentil se soumet à toute la Torah telle qu’ elle s’applique aux juifs ( Ex 12,43-49 ). Il faut ainsi comprendre que les gentils seront condamnés  en raison de leur refus de se convertir comme le confirme le Midrash ( Vayiqra Rabbah 2,9 ). Cette croyance fut apparemment répandue parmi les juifs d’Arabie vu que le Coran en fait mention en ces termes :
 « Et ils ont dit: « Nul n'entrera au Paradis que Juifs ou Chrétiens. » Voilà leurs chimères. -Dis: « Donnez votre preuve, si vous êtes véridiques.  » ( Coran 2 :111 )
« Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu'à ce que tu suives leur religion. -Dis: « Certes, c'est la direction d'Allah qui est la vraie direction. » Mais si tu suis leurs passions après ce que tu as reçu de science, tu n'auras contre Allah ni protecteur ni secoureur » ( Coran 2 :120 )  
« Ils ont dit : « Soyez Juifs ou Chrétiens, vous serez donc sur la bonne voie. » -Dis: « Non, mais nous suivons la religion d'Abraham  le modèle même de la droiture et qui ne fut point parmi les Associateurs » ( Coran 2 :135 )  
Epiphane, au 4è siècle,  attribue la même croyance aux anciens nazaréens lorsqu'il les accuse d'avoir désobéi à l'Esprit saint « qui a dit à travers les apôtres aux gentils convertis : ‘N'assumez aucune autre charge à part les choses nécessaires, que vous vous abstenez de sang, de choses étranglés, de fornication et de viandes sacrifiés aux idoles’» ( Panarion 30 ). Compte tenu cela, nous avons, en tant que nazaréens, d'autant plus de raisons de ne pas croire que l'Islam puisse être une religion valable même pour les gentils. 
 « Je ferai de lui une grande nation » (Gen 17,20)
Une nouvelle tactique, inspirée des missionnaires chrétiens, qu’a récemment adoptée la Dawa ( mission ) islamique consiste à citer les écrits rabbiniques pour prouver la véracité du Mahométanisme. Certains prédicateurs musulmans prétendent en effet sur la base du commentaire de Rabbénou Bé'hayé sur Gn 17,20  que ce verset constitue une prophétie biblique en faveur de l'Islam. Avant d'aller plus en avant, citons le commentaire en question : 
« Et je ferais de lui ( Yishma`el ) une grande nation – Rabbénou Hananel écrit : Nous voyons que cette promesse a été retardée pour eux de 2333 ans. Ce retard n’était pas dû à leurs péchés. Ils attendaient l’accomplissement de cette prophétie pendant toutes ces années, et par la suite, leur domination a été renforcée »
ונתתיו לגוי גדול. ראינו שנתאחרה הבטחה זו להם אלפים של"ג שנה ולא היה אחורם תלוי בעונם והיה מצפים לה כל השנים הללו וסוף סוף באה ונתקיימה ואח"כ נתחזקה המלכות בידם
( Rabbénou Bé’hayé sur Gn 17,20 )
Les prédicateurs que l'on a mentionnés extrapolent en disant que puisque le décompte aboutit à l’avènement de l’Islam , cela signifie nécessairement que Rabbénou Bé’hayé et Rabbénou Hananel croyaient que Mohammed était un prophète véridique envoyé par Allah à la nation Ismaélite. Non seulement, cependant, le nom de Mohammed n'est mentionné nul part dans le commentaire, mais prétendre que Rabbénou Bé'hayé croyait en la légitimité de l'Islam serait ignorer ce qu'il déclara dans son commentaire sur le verset du Deut 30,7 :
« Et l'Eternel, ton Dieu, mettra toutes ces maledictions sur tes ennemis et sur ceux qui te haissent – Deut 30 ,7 –  Tes ennemis sont les Ismaélites et ceux qui te haïssent sont les Edomites. Michée a prophétisé sur eux et dit : « Ta main sera élevée sur tes adversaires, et tous tes ennemis seront exterminés » ( Mi 5,9 ). Il s’agit des deux peuples sous lesquelles nous sommes en servitude et parmi lesquelles nous sommes dispersés »
על אויביך ועל שונאיך. אויביך ישמעאל שונאיך אדום וכן מיכה התנבא עליהן לעתיד ואמר תרום ידך על צריך וכל אויביך יכרתו והן שתי האומות שאנחנו משועבדים תחתיהם ומפוזרים ביניהם
( Rabbénou Bé’hayé sur Deut 30,7 )  
Rabbénou Bé’hayé , dans la suite , interprète comme suit la parabole des deux oies qui figure dans le traité Bava Bathra 73b du Talmoud Bavli  :
«  La signification de cette parabole est que ce Sage vit , par le Saint Esprit ,  dans le désert qui est un lieu isolé, la grandeur de ces deux nations. L’ obésité des oies représente leurs coupes pleines à notre époque. Et il leur demanda : «  Aurons-nous part à votre prospérité dans le futur ? ».  L’oie qui leva les ailes est Ismaël. Cela signifie que, dans le futur, les Ismaélites fuiront vers nous, se reposeront sous notre ombre et nous donneront leurs bêtes pour qu’on les offre en sacrifice, comme il est dit : « Tous les troupeaux de Kedar se rassembleront vers toi etc. » ( Is 60,7 ). C’est aussi le signe qu’ils se convertiront et mettront des téfilines, qui sont comparés à des ailes. L’autre oie qui éleva sa cuisse est Edom qui disloqua la hanche de Jacob. C’est une allusion au commandement de la circoncision, parce qu’ils se convertiront et entreront dans l’alliance avec nous. Et puisqu’ ils se convertiront dans le futur, se joindront à nous, et ne feront qu’un seul peuple avec nous,  il n’est pas nécessaire d’indiquer que la domination et le royaume nous reviendront.  C’est ce qui est représenté par la graisse et le miel qui coule de ces oies.  Et Israël les jugera  puisqu’ elles ne se sont pas repenties et ont retardé leur conversion [ … ] Salomon appela ces deux peuples , «  deux filles » , et dit qu’elles hériteront de la Géhenne , comme il est dit : « La sangsue a deux filles: Donne! donne! » ( Proverbes 30,15 ).  Il compara la Géhenne, le lieu où les âmes des méchants sont jugées, à une sangsue. A propos de ces deux nations, le prophète Isaïe dit : « Ceux qui se sanctifient et se purifient dans les jardins, Au milieu desquels ils vont un à un, Qui mangent de la chair de porc, Des choses abominables et des souris, Tous ceux-là périront, dit l'Eternel. » ( Is 66,17 ).  «  Ceux qui se sanctifient » sont les Edomites qui agitent leurs doigts dans plusieurs directions.  «  Ceux qui se purifient » sont les Ismaélites qui se nettoient les mains et les pieds mais pas le cœur, qui est le fondement [ … ] « Ceux qui mangent de la chair de porc » sont les enfants d’ Edom. « Les choses abominables et les souris » sont les enfants d’Ismaël. « Tous ceux-là périront, dit l'Eternel. »
ובאור הענין כי ראה החכם הזה ברוח הקדש במדבר שהוא מקום התבודדות מעלת שני מלכיו' הללו השמנות והמלאות כל טוב אשר מלאו כרסם מעדננו ושאל להם כלום יש לנו חלק בשפע טובכם לעתיד חד דלא לי גפא האחד הגביה הכנפים זה ישמעאל והיה סימן שעתידין לעוף ולברוח אלינו ולשבת בצלנו ושיתנו לנו בהמות שלהם להקריב מהן קרבן הוא שכתוב כל צאן קדר יקבצו לך וגומר ועוד סימן שיתגיירו ויחזיקו במצות תפלין שהם דומין לכנפים וזה היה הגבהת הכנפים. וחד דלא לי אטמא זה אדו' שהגביה לו הירך והוא סימן למצות מלה שיתגיירו ויבאו בברית אתנו והכונה כי כיון שהן עתידין להתחבר עמנו להתגייר ולהיות לעם אחד אין צריך לומר שתחזור השררה והמלכות אלינו שהוא כנוי לשומן שלהם ולדבש הנוסף ממנו ומה שישראל עתידין לתן את הדין לפי שאינן חוזרין בתשובה והן מתאחרין מלהתגייר [...] כעשן ושתי האומות האלה קראן שלמה שתי בנות והזכיר שהן מזומנות לגיהנם הוא שאמר לעלוקה שתי בנות הב הב כי המשיל גיהנם שהוא מקום הדין והמשפט לנפשות הרשעי' לעלוקה שמוציאה הדם שהוא הנפש ועליהן אמ' ישעיה ע"ה המתקדשים והמטהרים אל הגנות. המתקדשים אלו בני אדום שדרכן לנענע אצבעותיהן לכאן ולכאן והמטהרים אלו בני ישמעאל שדרכם לרחוץ ידיהם ורגליהם ולא לבם שהוא העקר אחר אחד בתוך ירמוז לשתי וערב של אדום שהם מתקדשים בו או יאמר אחר אחד בתוך על יום אידם הקבוע להם אלו ביום ששי קודם השבת ואלו אחר השבת ומניחין אותנו בתוך. אוכלי בשר החזיר אלו בני אדום השקץ והעכבר אלו בני ישמעאל יחדו יסופו נאם ה':
Ainsi, pour Rabbénou Bé’hayyé, les musulmans sont des ennemis.  En outre, d’après Rabbénou Bé’hayé, les musulmans, dans le futur , embrasseront le judaïsme et seront jugés pour avoir retardé leur conversion.  Il qualifie de « repentance » leur conversion au judaïsme et leur reniement de l'Islam ; suggérant par là que la religion musulmane est un péché duquel les arabes ont à se repentir.  Fidèle à sa croyance selon laquelle seuls les Israélites (de naissance et prosélytes) hériteront du monde futur ( cf. Commentaire de Rabbénou Bé'hayé sur Ex 23,10 et Deut 30,7 ), Rabbénou Bé’hayé déclare que la nation de Yishma`el est vouée à l’extinction et que les musulmans comme les chrétiens périront dans les feux de la Géhenne , prenant ainsi le contrepied de la Sourate Al-Fatiha et des ahadith la commentant. Il ne fait nul doute en regard de cela que Rabbénou Bé'hayé ne voyait pas dans le fondateur de l'Islam un prophète véridique. 
Il n'est pas difficile de comprendre, suivant cette perspective, que la réalisation de la prophétie énoncée en Gen 17,20 n'est pas dû aux mérites de la nation arabe mais à la fidélité de Dieu. Autrement dit, ce n'est pas parce que la religion musulmane est agrée par lui ou que celle-ci constituerait les termes d'une quelconque alliance religieuse ( bérith ) entre lui et la nation de Yishma`el que l'Eternel fit ( temporairement ) des arabes une grande nation et qu' il leur accorda la victoire, mais simplement parce que Dieu, lequel n'est pas un homme pour mentir ( Nombres 23,19 ; Ezéchiel 24,14 ), est fidèle à la promesse qu'il a faite à Abraham. C'est que Rabbénou Bé'hayé signifia en ces termes :   
« A l'égard de Yishma`el , je t'ai exaucé – Gn 17, 19  – C'est-à-dire :  Je bénirai Yishma`el  , non point en raison de l’alliance [ qui sera contractée ] avec Isaac, mais en raison de ta prière à son sujet.  Il engendrera douze princes –  Gn 17,20 – [ … ] L’expression נשיאים ( néssi’im) indique aussi qu’ils disparaîtront du monde après leur grande élévation. Car le mot נשיאים (néssi’im) a un autre sens que l’on retrouve en Pr 25,14: « Les nuages נשיאים, le vent, et la pluie , ne sont rien ». Cela indique qu’ils vont se dissiper et être détruits du monde, comme en Jb. 7,9 : « Comme la nuée se dissipe et s'en va ». C’est pour cela que le mot נשיאם, en Genèse 25,16, manque un Youd. L’écriture t’apprends par là que la nation de Yishma`el, au début, est forte mais, à la fin, s’affaiblira. L’Ange dit ainsi à Hagar : « Et lui ( Yishma`el ), sera un âne sauvage » ( Gn 16,12), c'est-à-dire : Il sera comme un homme sauvage qui l’emportera sur tous, mais qu’après, « la main de tous sera contre lui » ( ibid.) »
ולישמעאל שמעתיך וגו'. כלומר ולישמעאל אברך מצד התפלה שאתה מתפלל עליו אך לא מצד הברית של יצחק. שנים עשר נשיאים יוליד וכ׳  תכלול מלת נשיאים שיאבדו מן העולם אחר המעלה הגדולה שהיא מלשון (משלי כ״ה:י״ד) נשיאים ורוח, ובא לרמוז שהם כלים ואובדים מן העולם כלשון (איוב ז׳:ט׳) כלה ענן וילך, זהו שתמצא נשיאם חסר יו"ד האחרונה, ולמדך הכתוב על מלכות ישמעאל שתחלתו חזק וסופו תשש וכן אמר המלאך להגר והוא יהיה פרא אדם כלו' שיהיה בין בני אדם כפרא שינצח הכל ואח"ך יד כל בו:
(  Rabbénou Bé’hayé sur Gn 17,20)
Citons également le commentaire du Ramba"n dont Rabbénou Bé'hayé était le disciple du disciple :   
« Certainement אבל (aval)  Sara, ta femme [t'enfantera un fils; et tu l'appelleras du nom d'Isaac. J'établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui] – Gn 17,19 – Le sens du mot אבל (aval) est comme dans le verset qui dit : « Seulement אבל (aval)  elle n'a point de fils »; et revêt le sens de « seulement » ( 2R 4,14 ).  Dieu a ainsi dit : «  C’est seulement avec le fils qu’engendrera Sarah et dont je t’annonce la naissance que j’établirais éternellement mon alliance,  et avec ses descendants après lui. Quant à Yishma`el, je le bénirai en multipliant sa descendance, mais ce ne sera pas en raison de mon alliance »
אבל שרה אשתך כמו אבל בן אין לה (מלכים ב ד יד) כטעם רק אמר רק הבן אשר אני מבשרך עליו שרה אשתך תלד אותו ובו אני מקים בריתי לעולם ובזרעו אחריו וישמעאל אברך להרבות זרעו אך לא מבריתי
( Ramba"n sur Gn 17,19 )
Netan’el Al Fayoumi
Il faut reconnaître qu’il a effectivement existé, dans l'histoire du judaïsme, un rabbin qui disait que Mohammed était un prophète envoyé par Dieu : Il s’agit de Nétan’el Al Fayoumi, un Sage yéménite du 12è siècle.  Celui-ci, dans son ouvrage intitulé « Boustân al `ouqoul » ( Jardin des intelligences ), affirmait paradoxalement aux antipodes de l’ Islam, qui se veut être une religion universelle,  que Mohammed était un prophète dont le message  ne concernait  que les arabes et non les enfants d’Israël.  Mais ce n'est , ainsi que l'expliqua Rabbi Qapa'h qui a traduit le Boustân al `ouqoul, que ce que Netan'el Al Fayoumi a dit et non ce qu' il croyait  en réalité : 
« Au début de l’époque de notre auteur,  un mouvement islamique fondé par Ali ben Mahdi fit son apparition au Yémen aux environs de l’an 4910 de la création. Cet homme, Ali ben Mahdi, appela les musulmans à la repentance et au réveil. Plusieurs suivirent sa personne ainsi que ses idées et sa philosophie.  A la fin de sa vie, il se renforça dans la ville de Zabid et étendit de là sa domination à presque tout le Yémen […] car ses fidèles et les partisans de ses opinions se dispersèrent dans tout le Yémen et commencèrent à provoquer les juifs de toutes les manières possibles ; par la force dans les endroits où ils le purent et par les disputes et la pression dans les autres endroits. De telles disputes eurent constamment lieu dans tous les endroits et en tout temps que ce soit dans les maisons, dans les champs, dans les marchés ou dans les rues. Constamment, les musulmans essayaient de piéger les juifs car au milieu des disputes, il est impossible qu'un juif ne dise ne serais-ce qu’un mot de rejet ou irrévérencieux contre leur religion ou leur foi […]  Beaucoup ont faillis dans leurs propos et ont été menés comme des brebis à l’abattoir ou payèrent,  par la compulsion et non de leur propre volonté, leur religion aux prix de leurs vies.  Les disputes avec les arabes tournaient autour de deux questions: Si la Loi de Moïse est éternelle ou si elle a été abolie et remplacée par une autre, comme l’affirment les musulmans et si Mouhammad était un vrai prophète ou un faux prophète. Et malheur à celui qui était attrapé dans ses paroles et disait que Mouhammad était un faux prophète car alors,  il était condamné à mort selon la loi, et même selon l’avis des ennemis d’Ali ben Mahdi.  Concernant la première question, notre auteur était obligé de s’y étendre longuement dans le  cinquième chapitre et d’ apporter des preuves logiques , et même du Coran lui-même, que la Torah n’a pas été abolie et ne le sera jamais. Et concernant la deuxième question, il était obligé d’apprendre aux membres de son peuple des arguments qui les sauveront du piège qu'on leur a tendu. Ainsi, au chapitre cinquième, l'auteur s'étend sur l'idée que Mouhammad était un prophète, mais qu'il n'a pas été envoyé pour nous et que nous n'avons rien à faire avec lui et sa Loi et qu' il n'a été envoyé qu' aux peuples idolâtres qui n'avaient alors pas encore reçus de Loi venue des cieux » ( Introduction de Rabbi Yossef Qapa'h à la traduction en Hébreu du Boustân al `ouqoul ) 
Rabbi Qapa'h, dans la note de bas de page, déclare : « A Dieu ne plaise que l'auteur se soit écarté de la tradition juive » et poursuit en disant qu' « il est clair que ce sont les nécessités de l'époque et du lieu »  qui amenèrent Netan'el Al Fayoumi a dire ce qu'il a dit. Rabbi Qapa'h indique par ailleurs que si Netan'el Al Fayoumi croyait réellement en ces choses, le Ramba"m, lequel était tout sauf un croyant en Mohammed, n'aurait jamais fait son éloge dans l'épître au Yémen.  
L’islam et le nazaréisme
Certains apologistes chrétiens prétendent que l’Islam proviendrait en ligne directe de la mouvance nazaréenne.  L'un des socles sur lesquels repose cette hypothèse est l'idée que les nazaréens et les musulmans partageraient une même conception christologique. Même s'il est vrai que l'Islam, comme le Nazaréisme, rejette la doctrine de la Divinité du Christ, il est une différence fondamentale que les tenants de la thèse nazaréenne omettent de considérer : La naissance virginale de Jésus, mentionnée comme suit dans le Coran : 
« Ô Maryam (Marie), obéis à Ton Seigneur, prosterne-toi, et incline-toi avec ceux qui s'inclinent ».
Ce sont là des nouvelles de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Car tu n'étais pas là lorsqu'ils jetaient leurs calames pour décider qui se chargerait de Maryam (Marie) ! Tu n'étais pas là non plus lorsqu'ils se disputaient !
 (Rappelle-toi) quand les Anges dirent: « Ô Maryam (Marie), voilà qu'Allah t'annonce une parole de Sa part: son nom sera: « Al-Masîh »,: « 'Isa (Jésus) », fils de Maryam (Marie), illustre ici-bas comme dans l'au-delà, et l'un des rapprochés d'Allah.
Il parlera aux gens, dans le berceau et en son âge mûr et il sera du nombre des gens de bien. »
Elle dit: « Seigneur ! Comment aurais-je un enfant, alors qu'aucun homme ne m'a touchée ? » « C'est ainsi ! » dit-Il. Allah crée ce qu'Il veut. Quand Il décide d'une chose, Il lui dit seulement: « Sois » et elle est aussitôt » ( Coran 3:43-47 ) 
« Mentionne, dans le Livre (le Coran), Maryam (Marie), quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l'Orient.
Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit, qui se présenta à elle sous la forme d'un homme parfait.
Elle dit: « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m'approche point]. »
Il dit: « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils pur. »
Elle dit: « Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m'a touchée, et que je ne suis pas prostituée ? »
Il dit: « Ainsi sera-t-il ! Cela M'est facile, a dit ton Seigneur ! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C'est une affaire déjà décidée. »
Elle devint donc enceinte [de l'enfant], et elle se retira avec lui en un lieu éloigné. »  ( Coran 19:16-22 ) 
« Et celle [la vierge Maryam] qui avait préservé sa chasteté ! Nous insufflâmes en elle de Notre Esprit ( fanafakhna fiha min rouhina ) et fîmes d'elle ainsi que de son fils, un signe pour l'univers » ( Coran 21 :91 )
 « De même, Maryam, la fille d'Imran qui avait préservé sa virginité; Nous y insufflâmes alors de Notre Esprit. Elle avait déclaré véridiques les paroles de son Seigneur ainsi que Ses Livres: elle fut parmi les dévoués » ( Coran 66 :12 ) 
Contrairement aux musulmans, la plupart de ceux qui sont communément appelés « Judéo-chrétiens » croyaient,  en conformité avec l’enseignement juif selon lequel le Messie naîtra d’un père et d’une mère, que Jésus était le fils biologique de Joseph. Origène, par exemple, a écrit à leur sujet :  
« Une vierge est mère, voici un signe de contradiction, les marcionites s’opposent à ce signe et affirment avec insistance que le Christ n’est pas né d’une femme, les ébionites s’opposent à ce signe et disent qu’il est né d’un homme et d’une femme, comme c’est le cas pour notre naissance à nous » ( Homélies sur Luc XVII ) 
Eusèbe affirma similairement : 
«  L'hérésie appelée ébionite est celle des gens qui disent que le Christ est né de Joseph et de Marie, qui pensent qu'il est tout simplement un homme, et qui affirment avec force qu'il faut garder la loi tout à fait comme les juifs, ainsi du reste que nous le savons par ce qui a été exposé plus haut » ( Histoires Ecclésiastiques 6,17 )
Relevons également dans les écrits de Théodore de Cyr qui affirma à propos de « Hébreux », c'est-à-dire des croyants d’origine juive, qu’ils , « déclarent que Jésus est né d’une manière naturelle, d’un homme et d’une femme, de Joseph et de Marie, mais qu’il a excellé en sagesse, en justice ainsi que dans toutes les autres choses … » ( Fables hérétiques 2,1-3 )
Les « Judéo-chrétiens »  rejetaient également la préexistence de Jésus, comme en attestent Jérôme :

« Jean, l'apôtre que Jésus-Christ aimait le plus, était fils de Zébédée et frère de Jacques, apôtre, à qui Hérode fit trancher la tête après la Passion du Seigneur. A la demande des évêques d'Asie, il écrivit le dernier son évangile, pour combattre Cerinthus et la secte naissante des ébionites qui soutenait que le Christ n'existait pas avant Marie. Ce fut le motif qui le détermina à proclamer hautement la naissance divine du Sauveur » ( Livre des Hommes Illustres IX )

Eusèbe :

« Ils n’admettaient pas sa préexistence en tant que Verbe divin et la Sagesse » (Histoires Ecclésiastiques III,27)

Et Epiphane :

« Jean le béni étant venu et ayant trouvé des gens spéculant sur l’humanité du Christ - les Ebionites qui sont dans l’erreur à cause de la généalogie terrestre du Christ, qui descend d’Abraham [ en Matthieu ] et qui remonte à Adam dans [ l’évangile de ] Luc, et trouvant les Cérinthiens et les Mérinthiens qui soutiennent qu’il était simplement un homme, issu d’un acte sexuel, et aussi les Nazaréens et de nombreuses autres hérésies, quand il est venu en dernier, ( car il fut le quatrième à écrire un évangile ), il commença, pour ainsi dire, à rappeler les égarés et ceux qui spéculaient sur l’humanité du Christ et à leur dire ceci .... : "Où allez-vous, vers où vous dirigez-vous, vous qui empruntez un rude et dangereux sentier qui mène vers un précipice ? Revenez car il n'en est pas ainsi ! Dieu, le Verbe, qui a été engendré de toute éternité par le Père n'est pas issu seulement de Marie. Il ne date pas de l’époque de Joseph, ni de l’époque de Salathiel, de Zorobabel, de David, d’Abraham, de Jacob, de Noé ou d’Adam, mais au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et Dieu était le Verbe » ( Panarion LXIX )
A l'opposé,  la Sourate An-nissa  ( ayah 171 ) dit : 
« 'Issa ( Jésus ), fils de Maryam, n'était qu'un Messager d'Allah, sa Parole ( kalimatouhou ) qu' Il envoya à Maryam, et l' Esprit venant ( ou issu ) de Lui  ( wa rouhoun minhou ) »
 Nous retrouvons pareillement dans les ahadith :
« Ils iront vers `Issa et diront : Ô `Issa , tu es le Messager d’Allah et Sa Parole qu’il envoya à Myriam et l’Esprit issu de Lui » ( Sahih Al Boukhari volume 6 , livre 60, n° 236 ) 
«  Ath-Thawri rapporta d’Abdoul Aziz bin Rafi` d’Abou Loubabah qu’il dit : " Les disciples de Jésus dirent : Ô Esprit d’ Allah ! Informe-nous au sujet de celui qui est dévoué  à Allah. Il leur dit : C’est celui qui fait une œuvre uniquement pour Allah et n’aime pas que les autres fassent son éloge" » ( Ibn Kathir sur la Sourate 19 :51 )
Certains théologiens musulmans prétendent que c'est parce que Jésus a été créé par Dieu à travers le mot « koun »  (soit) qu'il est nommé « Parole d'Allah » ( Kalimatoullah ). Cependant, il est aussi dit dans le Coran 3:59  que dans le cas d'Adam, Dieu n'a fait que dire « sois »  et « il fut » ( koun fa yakoun ). Pourtant, nulle part dans le Coran ou les ahadith Adam n’est appelé « Kalimatoullah ». Qui plus est, un telle explication n'a aucun sens étant donné qu' ordonner l'existence d'une chose ne fait pas de la chose en question l'instrument au moyen duquel elle vint à l'existence. Le fait, en outre, que Jésus soit présenté comme «  la Parole de Dieu envoyée à Marie »  renvoie clairement au dogme chrétien de l'incarnation littérale du Verbe et non au concept judéo-chrétien de l'intériorisation des commandements par l'homme Jésus. D'autres encore disent que Jésus n'est appelé Esprit de Dieu que parce, à l'instar des autres membres de l'espèce humaine, son esprit provient de Dieu. Mais alors, pourquoi les ahadith insistent t-ils sur l'idée que Jésus est le Verbe et l' Esprit de Dieu si Rouhoullah se réfère simplement au fait que son esprit, comme celui de n' importe quel homme, a été formé par Dieu ? Pourquoi dire une chose aussi banale et mettre l'emphase là dessus ? Tout ceci n'a de sens que si l'identification de Jésus au Verbe et à l'Esprit de Dieu indique quelque chose au sujet sa personne que les musulmans tardifs ne semblent pas être prêts à admettre.   
Il est pour nous suffisamment clair que l'intention du Coran, qui appelle Jésus le Verbe et l'Esprit de Dieu  mais, dans le même temps, rejette la Trinité et la Divinité de Jésus, est de signifier, à l'instar de Michel Servet qui considérait d'ailleurs la christologie coranique comme authentique, que la substance spirituelle de l'homme Jésus est d'extraction divine, car trouvant son origine en Dieu et ayant préexisté en tant qu'élément ( Kalimah, Parole ) de l'essence éternelle ( Rouh, Esprit ) du Dieu unique, mais de nature humaine ; son enveloppe charnelle, quant à elle, ayant été formée dans la matrice de Marie. Pour le Coran, Jésus, en tant que Verbe de Dieu fait simple homme ne mérite par conséquent pas les louanges et l'adoration qui ne reviennent qu'à Dieu seul, duquel il est issu, et l'appellation de théotokos (mère de Dieu) qu'attribuent le monophysisme oriental et le christianisme nicéen à Marie est inadéquate. Considérons également ces versets :  
« Comment aurait-Il un enfant, quand Il n'a pas de compagne ? C'est Lui qui a tout créé, et Il est Omniscient » ( Coran 6 :101 )
« En vérité notre Seigneur -que Sa grandeur soit exaltée -ne S'est donné ni compagne, ni enfant ! » ( Coran 72 :3 )
Il n’est pas difficile de comprendre que l’objection du Coran contre le titre de « Fils de Dieu » ne porte pas sur le fond de la théologie mais sur la sémantique. En d’autres termes, ce que le Coran dénonce n’ est pas l’idée que Jésus soit issu de Dieu mais l’expression de « Fils de Dieu » qui , selon le Coran , est fausse car impliquant nécessairement que Dieu a sexuellement engendré un fils .      
Se pourrait-il néanmoins que ce soit dans le domaine de la pratique religieuse que le nazaréisme influença directement l' islam ? Ceux qui le croient se basent sur certaines observances islamiques soit disant héritées de la Torah tel que l'interdit du porc ou la circoncision. Même si l’Islam considère effectivement la viande de porc comme Haram ( interdit ), il rend aussi licite ( Halal ) la viande de dromadaire et les fruits de mer, qui sont pourtant interdits par la Loi du Lévitique chapitre 11.  Ainsi que nous l’apprend Pline,  l’interdit du porc était déjà observé par les arabes pré-islamiques ( Adversus Jovinianum 2:7 ). Quant à la circoncision, Flavius Josèphe, au premier siècle, fait état de l'existence de tribus arabes qui suivaient cette pratique qu’elles auraient héritée, non pas d'une secte judéo-chrétienne, mais d’Ismaël, leur patriarche ( Antiquités Juives 1:12 ).  De toute manière,  la position musulmane vis à vis de la Torah n'est pas celle des Nazaréens puisque, comme nous l'avons vu, l'islam enseigne conformément au christianisme la doctrine du remplacement de la Torah ainsi que son corrolaire, le supersessionisme, que les « Judéo-chrétiens » rejetaient ( cf. Origène, Livre des Principes 4,3-8 ; Augustin Contra Faustum 19,17 ). L'on ne s'étonne pas, sachant cela, de ce que les premiers musulmans ( les salafes ) reconnaissaient la légitimité et l'apostolat de Paul en lequel les Judéo-chrétiens anciens voyaient pourtant un apostat à la Torah.  Nous lisons à ce propos dans le Tafsir Ibn Kathir : 
« Quand Nous leur envoyâmes deux [envoyés] et qu'ils les traitèrent de menteurs – cela veut dire qu’ils s’empressèrent de les rejeter.
Nous [les] renforçâmes alors par un troisième –  veut dire, «  Nous les avons aidé et renforcé par un troisième messager ». Ibn Jurayj narra de Wahb ibn Soulayman , de Shou`ayb Al-Jabba’i : «  Les noms des deux premiers messagers sont Simon et Jean , et le nom du troisième était Paul, et la ville était Antioche.
 Vraiment, nous sommes envoyés à vous – veut dire : « De la part de votre Seigneur qui vous a créé et qui vous ordonne de l’adorer lui seul sans partenaires ni associés ». C’est l’avis d’Abou Al-`Aliyah. Qatadah bin Di`amah disait que c’étaient des messagers du Messie, que la paix soit sur lui, qu’il envoya aux gens d’Antioche »
( Tafsir ibn Kathir sur le Coran 36 :14 )
Les apologistes musulmans sont souvent prompts à contester en indiquant que telle n’était pas la position d’Ibn Kathir. Cet argument, cependant, est fallacieux étant donné, d’une part, qu’Ibn Kathir ne conteste pas l’apostolat de Paul mais uniquement l’interprétation qui prétend que la ville est Antioche et que les trois messagers sont des apôtres de Jésus  et, d’autre part, que le fait que des autorités islamiques comme Wahb ibn Soulayman et Shoua`yb Al-Jabba’i aient pensé que Paul fut l’un des trois messagers montre que les salafes n'avaient aucun problème avec lui .
D'autres encore prétendent que le Coran 5:82 évoque les nazaréens de la manière suivante : 
« Tu trouveras certainement que les Juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent: «Nous sommes chrétiens». C’est qu’il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil »
Comme on peut le constater, les « nassara » sont non seulement distingués des « juifs » mais il est affirmé à propos d’eux qu’ils ont parmi eux des « prêtres » et des « moines ». Les commentateurs musulmans identifient sur la base d'un hadith rapporté au nom de ‘Ibn Abbas ces « nassara », non pas à des Judéo-nazaréens, mais aux moines et hommes d'église de la cour roi abyssinien Negus, lesquels furent émus au point d'embrasser l’Islam lorsqu'ils entendirent la récitation de la Sourate Maryam par Ja`far ibn Abi Talib. Il va sans dire qu'en l'occurrence, « nassara » revêt simplement le sens de « chrétiens ». Il ne serait peut-être pas inutile de signaler que l'église éthiopienne orthodoxe, jusqu'à ce jour, prescrit encore la circoncision,  l'abstention de porc et l'abattage rituel.  
Qu'en est-il alors du hadith n° 3 du Sahih Al-Boukhari selon lequel Waraqah ibn Nawfal, le cousin de la première épouse de Mohammed, était un « nasara » ( chrétien ) qui copiait « l’évangile hébreu »  ( injil al-ibraniyah ) ? Nous nous contenterons de remarquer que toutes les autres occurrences de ce même hadith dans le recueil de l'Imam Al Boukhari relatent que ce fut en réalité en arabe ( arabiyah ) et non en hébreu ( ibraniyah ) que Waraqah écrivait et lisait les évangiles ( Sahih Al-Boukhari 4:605,  6:478, 9:111  ). Ceci nous engage à croire que la mention de l'hébreu, au hadith n°3 du Sahih Al-Boukhari, relève d'une simple erreur de copiste et ne peut donc pas être invoquée pour démontrer les soi disant origines nazaréennes de l'Islam primitif dont le fondateur semble plutôt avoir puisé son inspiration dans le christianisme arabe du 7è siècle de l'ère commune. 
En tout état de cause, les divergences théologiques, portant notamment sur la doctrine de l’abrogation de la Loi, la naissance virginale, et le supersessionisme, entre les nazaréens et les musulmans actuels sont trop importantes pour être ignorées et démontrent en elles seules que l’Islam ne peut être considéré comme la continuité du nazaréisme .

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