dimanche 10 mai 2020

Yéshou`a dans le Talmud


Beaucoup, influencés par certains passages du Talmud de Babylone, croient que Yéshou`a a réellement été un impie et un apostat qui a incité le peuple à l’idolâtrie et abrogea la Loi. Comme nous le verrons cependant,  il n’en n’est rien. Celui qui lit ces passages du Talmud avec attention verra qu’elles ne revêtent aucun caractère d’historicité

Sanhédrin 67a

מסית זה הדיוט להכמנה דתניא ושאר כל חייבי מיתות שבתורה אין מכמינין עליהן חוץ מזו כיצד עושין לו מדליקין לו את הנר בבית הפנימי ומושיבין לו עדים בבית החיצון כדי שיהו הן רואין אותו ושומעין את קולו והוא אינו רואה אותן והלה אומר לו אמור מה שאמרת לי ביחוד והוא אומר לו והלה אומר לו היאך נניח את אלהינו שבשמים ונעבוד עבודה זרה אם חוזר בו מוטב ואם אמר כך היא חובתנו וכך יפה לנו העדים ששומעין מבחוץ מביאין אותו לבית דין וסוקלין אותו וכן עשו לבן סטדא בלוד ותלאוהו בערב הפסח בן סטדא בן פנדירא הוא אמר רב חסדא בעל סטדא בועל פנדירא בעל פפוס בן יהודה הוא אלא אימא אמו סטדא אמו מרים מגדלא נשי הואי כדאמרי בפומבדיתא סטת דא מבעלה

« Le mesith (celui qui incite à l’idolâtrie – Deut 13,6 –) est un profane– Seulement en ce qui concerne la dissimulation des témoins, car il est enseigné : Pour tous ceux dont la Torah a décrété qu’ils doivent être mis à mort, les témoins ne doivent pas être dissimulés, à l’exception de celui-là. Comment procède-t-on ? On allume pour lui une lampe dans la chambre intérieure, et l’on place les témoins dans la chambre extérieure, pour qu’ils puissent le voir et entendre sa voix, mais pour qu’il ne puisse pas les voir. Alors, celui qu’il a voulu entrainer à sa suite lui demande : « Dis-moi ce que tu m’avais dit en secret », et le mesith répète ce qui a été dit. Ensuite, celui qu’il a voulu entraîner à sa suite lui dit : «  Comment peut-on renier notre Dieu qui est aux cieux et nous vouer à un culte étranger ? ». S’il revient sur sa parole, c’est bien pour lui, mais s’il dit : «  Telle est notre obligation et c’est ce qui est bon pour nous », les témoins qui se trouvent à l’extérieur l’amènent devant le Tribunal et le lapident. Et c’est ce qu’ils firent au fils de Stada à Loud et ils le pendirent la veille de la Pâque. Ben Stada est Ben Pandira. Rav Hisda dit : Le mari était Stada et l’amant étant Pandira. Le mari était Papos ben Yéhouda, mais la mère était Stada. La mère était Marie la coiffeuse (Myriam megadla neshaya), comme il est dit à Poumbedita : Elle s’est détournée (stat da) de son époux »

Il est à noter que le nom de « Pandira », ou « Pantera », est connu de la polémique anti-chrétienne. Celse, un auteur latin du second siècle, affirma en réponse à la croyance en la naissance virginale qu’un soldat romain du nom de « Panthera » viola Marie (Contra Celsum 1:69) ; argument, qui, comme nous l’apprend Eusèbe, a été repris par les adversaires Juifs du christianisme (Eccl. Proph. 3 :10). Epiphane atteste que ce nom était également connu de la tradition judéo chrétienne comme étant le surnom du père (Juif et davidique) de Joseph :

« Joseph était le frère de Clopas, et le fils de Jacob, surnommé Panther » (Panarion 78:5:7)

Il n’est d’ailleurs pas rare, dans la Bible, que l’expression « ben » ou « fils » soit utilisé dans le sens de « descendant » et que toute la lignée soit désignée d’après un ancêtre illustre ou de renom.  En tout cas, on  voit que les intervenants dans ce passage du Talmud ne sont pas d'accord sur le nom des parents de Yéshou`a, qu'ils n'ont de toute évidence jamais connus. Sel Hagigah 4b, cette coiffeuse nommée Myriam était une contemporaine de l'amora Bibi fils d’Abbayé (4è siècle). Il ne peut donc s'agir ni de la femme de Joseph ni de la madeleine [ha-magdalith], en réalité une des disciples de Yéshou`a, dont le nom provient non pas de ce qu'elle aurait été coiffeuse [megadla neshayya] mais du fait qu'elle avait pour ville d'origine Magdala en Galilée.  Ce n’est pas tout : Le Talmud affirme que le Grand Sanhédrin, le seul organe habilité à prononcer la peine de mort, a été dissout et n’a plus procédé à l’exécution de coupables 40 ans avant la destruction du Temple (70 de l’ère commune) (Talmud Shabbath 15a). L’exécution de « Yéshou », si réellement c’était le Tribunal qui y a procédé, par conséquent,  aurait du avoir lieu au plus tard en l’an 30. Or, Pappos ben Yehoudah, lequel est présenté selon l’un des avis rapportés ici comme son père, fut un contemporain de Rabbi `Aqivah, et était encore vivant lors de la seconde révolte juive de 132 à 135 (Bérakhoth 61b). Les dates ne correspondent donc pas. L’on remarquera que la version de la Tossefta Sanhédrin (troisième siècle) ne dit rien au sujet de  Yéshou`a ni d’une exécution qui se serait produite la veille de la Pâque: 

כל חייבי מיתות שבתורה אין מכמינין עליהם חוץ מן המסית כיצד עושין לו כונסין לו שני ת"ח לבית הפנימי והוא יושב בבית החיצון ומדליקין לו את הנר כדי שיהיו רואין אותו ושומעים את קולו וכן עשו לאיש אחד בלוד נמנו עליו שני תלמידי חכמים והביאוהו לב"ד וסקלוהו

«  Pour tous ceux dont la Torah a décrété qu’ils doivent être mis à mort, les témoins ne doivent pas être dissimulés, à l’exception du mesith. Comment procède-t-on ? On amène deux érudits en Torah dans la chambre intérieure, et le mesith s’assied dans la chambre extérieure. On allume pour lui une lampe afin qu’ils puissent le voir et entendre sa voix. Et c’est ce qu’ils firent à un homme à Loud. Ils prirent pour lui deux érudits et ils l’amenèrent devant le Tribunal et le lapidèrent »

Cela suppose que le Talmud de Babylone, loin de rapporter, comme d’aucuns le croient, le témoignage de contemporains de Yéshou`a ou des faits qui, soi disant, auraient été censurés par les évangélistes, a modifié à des fins polémiques la tradition tannaïtique

Sanhédrin 43a

Le Talmud de Babylone, dans le traité Sanhédrin 43a, reprend en ces termes la tradition de l’exécution de « Yéshou » la veille de Pessah :

והתניא בערב הפסח תלאוהו לישו הנוצרי והכרוז יוצא לפניו מ' יום קודם שהוא יוצא ליסקל על שכישף והסית והדיח את ישראל כל מי שיודע לו זכות יבא וילמד עליו ולא מצאו לו זכות ותלאוהו בערב הפסח אמר עולא ותסברא בר הפוכי זכות הוא מסית הוא ורחמנא אמר (דברים יג) לא תחמול ולא תכסה עליו אלא שאני יש"ו דקרוב למלכות הוה

« Yéshou le Nazaréen fut pendu au bois la veille de Pessah. Quarante jours avant l’exécution, un héraut allait en criant : Il sera lapidé car il pratiqua la sorcellerie, a incité Israël à l’idolâtrie et les fit fauter. Si quelqu’un a quelque chose à dire en sa faveur, qu’il vienne et plaide pour lui. Mais puisque rien n’a été dit en sa faveur, il a été pendu au bois la veille de Pessah. `Oulla dit : Crois-tu qu’il fut de ceux dont les mérites pouvaient annuler le verdict ? Il a incité le peuple à servir un autre dieu et le Miséricordieux a dit : « Tu ne le pardonneras pas et tu ne le mettras pas à couvert » (Deut 13 :9). Yéshou était proche du royaume »

Ce passage contredit la loi mishnaïque à deux niveaux :  La Mishnah dit en effet d’une part qu’ il est interdit de reporter l’exécution d’ un coupable (Mishnah Sanhédrin 11,4) et de l’autre, qu’aucun jugement ne peut être prononcé à  la veille du Shabbath hébdomadaire ou d’une fête (Mishnah Sanhédrîn 4,1).  Mais  même si l’on devait supposer que le texte reproduirait ici une tradition authentique, ce passage est fortement problématique pour les détracteurs modernes de Yéshou`a puisqu’il réfute non seulement l’idée que puisqu’aucune source en dehors des évangiles n’en parle, Yéshou`a est un personnage inventé, mais aussi  la supposition selon laquelle les évangélistes, accusés d’ignorer la halakhah, ont inventé de toute pièce le récit du procès, supposition qui se base  sur le constat que le procès, tel que relaté dans les évangiles, est une violation flagrante de la loi pharisienne. Certes, les évangiles relatent que Yéshou`a fut condamné à mort pour s’être proclamé « Fils de Dieu », mais ce n’était pas, comme le laisse accroire ce passage, parce qu’il aurait entrainé le peuple à la suite d’un autre Dieu. Il suffit, pour s’en persuader, de prendre lecture du récit synoptique du procès :

«  Le Grand Prêtre l’interrogea de nouveau et lui dit : « Es-tu le Christ, le Fils de Celui qui est Béni ? ». Jésus lui répondit : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l’Homme siéger à la droite du Tout-puissant, et venir environné des nuées du ciel ». Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements et dit : «  Qu’avons-nous donc besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème, que vous en semble ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort » (Marc 15 :61-64 )

En quoi Yéshou`a a-t-il blasphémé ? Etais-ce en affirmant que le messie viendra ? Les évangiles attestent qu’au premier siècle déjà, c’était déjà une doctrine juive communément admise (Mc 12 :35-37 , Mt 22 :42-45)

Ou peut-être étais-ce en affirmant que Dieu a un fils ? Il ne semble pas non plus étant donné qu’il est explicitement dit dans les Psaumes :

« L’Eternel m’a dit : Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui » (Psaume 2,7)

Ou peut-être étais-ce en affirmant que le Fils de l’Homme se trouve auprès de Dieu et qu’il viendra avec les nuées du ciel ?  Le prétendre serait accuser Daniel, dont Yéshou`a ne fait que citer la prophétie, de blasphème (Daniel 7,14-15).

A l’évidence, le  « blasphème » ne résidait pas dans le fait que Yéshou`a ait prétendu que  Dieu a un Fils qui se trouve à Sa droite, mais dans sa prétention d’être ce Fils de Dieu, c'est-à-dire le Messie.

Il serait à propos de rappeler que certains ne considéraient pas Yéshou`a digne du titre de messie en raison du fait qu’il ne suivait pas les pratiques surérogatoires, certes optionnelles pour le commun du peuple, mais que le messie, l’incarnation de l’idéal de piété, se doit, d’après eux, observer (Matthieu 11 :18-19, Marc 2 :15-18, Luc 5 :30-35)

Pour d’autres encore, qui étaient sûrs d’eux-mêmes au point qu’aucun miracle n’aillait les faires changer d’avis, le fait que Yéshou`a contredise leur interprétation de la Loi constituait la preuve qu’ «  il ne vient pas de Dieu » (Marc 2 :23 – 3 :6, Matthieu 12 :1-8, Luc 6 :1-11). Ce fut notamment le cas du Grand Prêtre et son entourage qui ont jugé Yéshou`a, lequel n’a pas appartenu à la secte sadducéenne qu’il critiqua ouvertement comme ignorante des écritures et de la puissance de Dieu (Marc 12 :24 , Matthieu 22:19)

Pour tous ceux-là, le fait que Yéshou`a se dise être le « messie » constituait donc bien un blasphème contre la Loi et le véritable messie. A noter que les Juifs de l’époque nommaient « blasphème » non seulement les attaques verbales contre Dieu mais aussi contre tout ce qui est sacré comme la Loi, le Temple ou Moïse (Actes 6 :11-13 ).  En outre, le messie étant un prophète, le fait que Yéshou`a se dise l’être faisait, selon ses adversaires, de lui un faux prophète passible de mort selon la Loi  (Deutéronome 18:20). Yéshou`a n’a cependant pas été exécuté pour avoir incité le peuple à adorer un autre dieu ou à l’adorer, lui, à la place de Dieu. La charge d’imposture ne découlait pas non plus de ce qu’il aurait, soi disant, affirmé qu’il n’y a dorénavant plus de Torah, mais de ce qu’il a contredit ce que ses adversaires considéraient comme la véritable interprétation de la Loi. Ceux qui admettaient la légitimité de ses enseignements (Marc 12 :28-34) ou qui reconnaissaient au messie l’autorité de corriger les interprétations humaines n’auraient, pour leur part, eu aucun mal à croire en lui (Actes 15 5, Jean 3:1-2) ou au moins à envisager la possibilité que sa doctrine puisse venir de Dieu (Actes 5:38-39)

Shabbath 104b

תניא אמר להן רבי אליעזר לחכמים והלא בן סטדא הוציא כשפים ממצרים בסריטה שעל בשרו אמרו לו שוטה היה ואין מביאין ראיה מן השוטים

« Il a été enseigné : Rabbi Eli`ézer dit aux Sages : Ben Stada n’a-t-il pas exporté des pratiques magiques  d’Egypte avec des taillades dans sa peau ? Ils lui dirent : Ben Stada était un fou et on ne dérive pas de preuves des fous »

La version de Tossefta contient, à l’endroit de « ben Stada » un tout autre nom et ne mentionne pas l’ « Egypte », que les auteurs du Bavli dérivèrent probablement de la tradition matthéenne du séjour de Yéshou`a en Egypte :

המסרט על בשרו ר"א מחייב וחכמים פוטרין אמר להם ר"א והלא בן סיטרא לא למד אלא בכך אמרו לו ומפני שוטה אחד נחייב את כל הפקחין

« Celui qui fait des taillades sur sa peau : Rabbi Eli`ezer le déclare coupable et les Sages l’exemptent. Rabbi Eli`ezer dit aux Sages : Ben Sitra n’a-t-il pas appris de cette manière ? Ils lui dirent : Doit-t-on condamner tous les sains d’esprit en raison d’un seul fou ? » (Tossefta Shabbath 12 :9)

Sotah 47a et Sanhédrin 107b

כדהוה קא קטיל ינאי מלכא לרבנן שמעון בן שטח אטמינהו אחתיה ר' יהושע בן פרחיה אזל ערק לאלכסנדריא של מצרים כי הוה שלמא שלח ליה שמעון בן שטח מני ירושלים עיר הקודש לך אלכסנדריא של מצרים אחותי בעלי שרוי בתוכך ואני יושבת שוממה אמר ש"מ הוה ליה שלמא כי אתא אקלע לההוא אושפיזא קם קמייהו ביקרא שפיר עבדי ליה יקרא טובא יתיב וקא משתבח כמה נאה אכסניא זו א"ל יש"ו רבי עיניה טרוטות א"ל רשע בכך אתה עוסק אפיק ארבע מאה שפורי ושמתיה כל יומא אתא לקמיה ולא קבליה יומא חד הוה קרי קרית שמע אתא לקמיה הוה בדעתיה לקבוליה אחוי ליה בידיה סבר מדחא דחי ליה אזל זקף לבינתא פלחא אמר ליה חזור בך א"ל כך מקובלני ממך כל החוטא ומחטיא את הרבים אין מספיקין בידו לעשות תשובה דאמר מר יש"ו כישף והסית והדיח והחטיא את ישראל

«  Quand le roi Yan’ay tua nos rabbins, Shime`on ben Shétah a été caché par sa sœur et Yehoshou`a ben Perahiah a fuit à Alexandrie en Egypte. Quand il y eut la paix, Shime`on ben Shétah envoya des messagers lui dire : « De moi, la ville Sainte, à toi, Alexandrie d’Egypte, ma sœur. Mon mari se trouve au milieu de toi, et moi, je suis là, assise abandonnée ». Rabbi Yehoshou`a ben Perahiah se leva, s’est trouvé dans une auberge où on l’a bien traité, et dit : « Comme elle est agréable, cette auberge (akhsania) ! ». Yéshou lui dit : « Rabbi, ses yeux sont petits ! » (Yéshou ayant pensé qu’il parlait de l’aubergiste, également appelé « akhsania », en araméen). Il lui dit : « Impie ! C’est de ces choses que tu te préoccupes ! ». Il fit sonner quatre cents trompettes et l’excommunia. Yéshou plusieurs devant lui pour lui dire : «  Reprends-moi », mais il refusa. Un jour, Rabbi Yehoshou`a était en train de réciter le Shema`, lorsque Yéshou vint vers lui. Il avait l’intention de le reprendre et lui fit signe de la main, mais Yéshou pensa qu’il était en train de le rejeter. Yéshou partit donc, dressa une brique et se prosterna devant elle. Rabbi Yéhoshou`a dit : « Repens-toi ! ». Mais Yéshou dit : « J’ai reçu cet enseignement de toi : Celui qui faute et fait fauter les autres ne peut plus se repentir ». Un maître dit : Yéshou se voua la sorcellerie, incita les Israélites à l’idolâtrie, et les fit fauter »

Le récit contient des contradictions internes irréconciliables. Comment, en effet, Yéshou a-t-il pu, en l’espace seulement d’une Qériath Shema`, laquelle ne prend même pas quelques minutes, entrainer  toute la nation juive à sa suite ? Si d’aucuns répondent que « Yéshou » s’est déjà  « voué à la sorcellerie, incita les Israélites à l’idolâtrie, et les fit fauter » avant cet incident, comment se fait-il qu’il ait encore demandé à Yéhoshou`a ben Perahiah d’accepter sa repentance tout en sachant pertinemment que « celui qui faute et qui fait fauter les autres ne peut plus se repentir » ? Quoi qu’il en soit, notons, d’une part, que jamais la Halakhah n’a prescrit l’excommunication, une peine que l’on n’inflige même pas aux voleurs, comme sanction au « péché » d’avoir regardé indécemment une femme et, d’autre part, que la version du Talmud de Jérusalem, plus ancien que celui de Babylone, ne dit rien au sujet de Yéshou`a et ne contient pas  les contradictions que l’on retrouve dans la version babylonienne :

אנן תנינן יהודה בן טבאי נשיא ושמעון בן שטח אב בית דין אית תניי תני ומחלף מאן דאמר יהודה בן טבאי נשיא עובדא דאלכסנדרייא מסייע ליה יהודה בן טבאי הוון בני ירושלם בעון ממניתיה נשיא בירושלם ערק ואזל ליה לאלכסנדריאה והיו בני ירושלם כותבין מירושלם הגדולה לאלכסנדריאה הקטנה עד מתי ארוסי יושב אצלכם ואני יושבת עגומה עליו פירש מיתי גו אילפא אמר דבורה מרתא דביתא דקבלתן מה הוות חסירה א"ל חד מן תלמידוי רבי עיינה הוות שברה א"ל הא תרתיי גבך חדא דחשדתני וחדא דאיתסכלת בה מה אמרית יאייא בריוא לא אמרית אלא בעובדא וכעס עלוי ואזל

« Il a été enseigné : Yéhoudah ben Tabay était le nassi et Shime`on ben Shétah était le Av beit dîn. D’autres tanna’im disent que c’est l’inverse. Ceux qui disent que Yéhoudah ben Tabay était le nassi rapportent le fait qui s’est produit à Alexandrie : Les habitants de Jérusalem voulurent faire de Yehoudah ben Tabay le nassi, mais celui-ci est allé à Alexandrie. Les habitants de Jérusalem lui écrivirent alors : « De Jérusalem la grande à Alexandrie la petite : Pendant combien de temps mon fiancé se trouvera t-il parmi vous, et que moi, je serai assise abandonnée ? ». Il quitta Alexandrie pour aller dans un bateau et dit : « Déborah, la maîtresse de la maison qui nous a reçue, de quoi manquait-t-elle ? ». L’un de ses disciples lui dit : «  Rabbi, elle avait les yeux borgnes ». Sur quoi, Yéhoudah ben Tabay dit : « Tu as commis là deux fautes : L’une est de m’avoir soupçonné (de l’avoir regardé) et l’autre est d’avoir porté tes regards sur elle. Je n’ai pas dit qu’elle était belle. J’ai simplement parlé d’elle en passant. »  Il se fâcha contre lui et s’en alla » (Talmud de Jérusalem, Hagigah 2 :2)

Nous donnons raison au Rav Zékharyah Frenkel, qui a écrit :

ובירושלמי חגיגה פ״ב הל׳ ב הפיפור הזה ממש אות באות אך במקום יהושוע בן פרחיה איתא שם יהודה בן טבאי. והנה בחילופים בין הבבלי ובין הירושלמי בקורות ימים קדמונים לרוב גירסת הירושלמי צודקת יותר ובפרט בקורות אשר נתהוו בא״י

« Ce récit se retrouve mot pour mot dans le Talmud de Jérusalem, traité Hagigah 2 :2, sauf qu’à la place de Yéhoshou`a ben Perahiah, c’est  Yéhoudah ben Tabay qui apparaît. Or, lorsqu’il y a contradiction entre le Talmud de Jérusalem et celui de Babylone en ce qui concerne l’histoire ancienne, la version du Talmud de Jérusalem est, dans la plupart des cas, la plus exacte » (Darkhéi Ha-mishnah p. 34) 

Gittin 57a

אונקלוס בר קלוניקוס בר אחתיה דטיטוס הוה בעי לאיגיורי אזל אסקיה לטיטוס בנגידא אמר ליה מאן חשיב בההוא עלמא אמר ליה ישראל מהו לאידבוקי בהו אמר ליה מילייהו נפישין ולא מצית לקיומינהו זיל איגרי בהו בההוא עלמא והוית רישא דכתיב (איכה א) היו צריה לראש וגו' כל המיצר לישראל נעשה ראש אמר ליה דיניה דההוא גברא במאי א"ל במאי דפסיק אנפשיה כל יומא מכנשי ליה לקיטמיה ודייני ליה וקלו ליה ומבדרו אשב ימי אזל אסקיה לבלעם בנגידא אמר ליה מאן חשיב בההוא עלמא א"ל ישראל מהו לאידבוקי בהו א"ל (דברים כג) לא תדרוש שלומם וטובתם כל הימים א"ל דיניה דההוא גברא במאי א"ל בשכבת זרע רותחת אזל אסקיה ליש"ו בנגידא  א"ל מאן חשיב בההוא עלמא א"ל ישראל מהו לאדבוקי בהו א"ל טובתם דרוש רעתם לא תדרוש כל הנוגע בהן כאילו נוגע בבבת עינו א"ל דיניה דההוא גברא במאי א"ל בצואה רותחת דאמר מר כל המלעיג על דברי חכמים נידון בצואה רותחת

« Onkélos le fils de Qalonimos était le neveu de Titus et voulait se convertir. Il s’en alla et invoqua Titus par la sorcellerie et lui dit : « Qui est important dans l’autre monde ? ». Il lui dit : « Israël ». Onkélos lui demanda : « Que penses-tu de l’idée que je me joigne à eux ? ». Il lui dit : « Leurs observances sont nombreuses et tu ne pourras pas les accomplir. Plutôt, part les attaquer dans ce monde et tu seras au sommet, comme il est dit : « Ses adversaires ont le dessus » (Lamentations 1,5) –  Tous ceux qui oppriment Israël auront le dessus ». Il lui demanda alors : « Quel est ton châtiment ? » -  « Chaque jour, mes cendres sont rassemblées, je suis jugé et brûlé et mes cendres sont dispersées dans les sept océans ».  Il s’en alla et invoqua Bil`am par la sorcellerie et lui demanda : «  Qui est important dans l’autre monde » ? Il lui dit : « Israël ». Onkélos lui demanda : « Que penses-tu de l’idée que je me joigne à eux ? ». Il lui dit : «  Tu ne t’intéresseras pas à leur prospérité et à leur bien-être, jamais » (Deut 23,7). Onkélos lui demanda : « Quel est ton châtiment ? ». Bil`am lui dit : «  Mon châtiment est de brûler dans de la semence bouillante ». Il s’en alla et invoqua Yéshou par la sorcellerie et lui dit : « Qui est important dans l’autre monde ? ». Il lui répondit : « Israël ». Onkélos lui demanda : « Que penses-tu de l’idée que je me joigne à eux ? ». Il lui dit : «  Cherche à leur faire du bien, mais ne cherche pas à les nuire, car tous ceux qui les touche est considéré comme ayant touché à la prunelle des yeux de Dieu ». Onkélos lui demanda : «  Quel est ton châtiment ? ». Il lui dit : « De souffrir dans des excréments bouillants » ; car comme l’a dit un maître : «  Celui qui se moque de la parole des Sages est jugé dans des excréments bouillants » »

Il est intéressant de constater que dans ce passage, non seulement Yéshou`a conseille à Onqélos de se convertir au judaïsme et confirme l’élection d’Israël, mais le seul « péché » qui lui est reproché est, non pas d’avoir abrogé la Loi ou d’avoir poussé le peuple à adorer un autre dieu que l’Eternel, mais d’avoir dépassé les bornes dans ses controverses halakhiques, lesquelles étaient communes à l’époque entre les enseignants de Torah, et de s’être « moqué » de ceux dont il ne partageait pas le point de vue.  Bien que le passage dise que Yéshou`a est châtié en raison de cela, on est bien loin de l’image du « mesith » que dépeignent les autres textes que l’on a vu en amont. 

Bérakhoth 29a

L’exclusion de disciples de Yéshou`a de la synagogue, tel que relaté dans le traité Bérakhoth 29a,  est parfois aussi invoqué pour appuyer l’idée qu’il était un impie qui a prêché contre la Torah. Or, non seulement, cet argument ne prend pas en compte les véritables raisons de l’excommunication, mais, paradoxalement, c’est cette  mise au banc même qui nous apporte la preuve du contraire.  Nous lisons dans la Tossefta :

שחיטת המין לעבודת כוכבים ופתן פת עובדי כוכבים ויינם יין נסך ופירותיהן טבלים וספריהן ספרי קוסמין ובניהם ממזרים ואין מוכרין להם ואין לוקחין מהן. ואין נושאין מהן ואין נותנין להן. ואין מלמדין את בניהן אומנות. ואין מתרפאין מהן, לא רפוי ממון ולא רפוי נפשות. מעשה באלעזר בן דמא שנשכו נחש ובא יעקב איש כפר סמא לרפותו אמר לו רבי ישמעאל אי אתה רשאי בן דמא אמר לו אני אביא ראיה שירפאני לא הספיק להביא ראיה עד שמת אמר לו רבי ישמעאל אשריך בן דמא שיצאת בשלום מן העולם ולא פרצת גדירן של חכמים לקיים מה שנאמר ופורץ גדר ישכנו נחש מעשה בר"א שנתפס על דברי מינות והעלו אותו לבמה לדון אמר לו אותו הגמון זקן כמותך יעסוק בדברים הללו.  אמר לו נאמן דיין עלי כסבור אותו הגמון שלא אר"א אלא לו ולא נתכוין ר"א אלא נגד אביו שבשמים.  א"ל הואיל והאמנתני עליך אף אני כך אמרתי אפשר שהסיבות הללו טועים בדברים הללו דימוס הרי אתה פטור וכשנפטר מן הבמה היה מצטער שנתפס על דברי מינות נכנסו תלמידיו לנחמו ולא קבל נכנס ר"ע ואמר לו רבי אומר לפניך דבר שמא אין אתה מיצר אמר לו אמור אמר לו שמא אחד מן המינין אמר לך דבר של מינות והנאך אמר לו הן א"ל השמים הזכרתני פעם אחת הייתי מהלך באסטרטיא שלצפורי מצאתי  יעקב איש כפר סכנין , ואמר דבר שלמינות משום ישוע בן פנטרא והנאני ונתפסתי על דברי מינות שעברתי על דברי תורה: הרחק מעליה דרכך, ואל תקרב אל פתח ביתה כי רבִים חללים הפילה, ועצמים כל הרגיה

« Un animal abattu par un hérétique (min) a le statut d’abattu au nom de l’idolâtrie. Le pain des minim (hérétiques) a le statut de pain des gentils et leur vin a le statut de nesekh (c'est-à-dire du vin dont on ne sait pas s’il a été versé en libation à une idole), leurs fruits ont le statut de Tével (qui est interdit à la consommation et à la jouissance), leurs livres ont le statut de livres de magie et leurs enfants sont des bâtards.  On ne leur vend rien et on ne leur achète rien. On n'épouse pas leurs filles et on ne donne leur donne pas nos filles. On n'apprend  à leurs fils aucun métier. On ne reçoit aucune aide d'eux, ni de l'argent, ni aucune aide médicale. Ele`azar ben Dama fut mordu par un serpent, et Ya`aqov de Kfar Sama, vint le guérir.  Rabbi Yishma`el ne le permit cependant pas et lui dit : « Tu n’en as pas le droit, Ben Dama ». A quoi, Ben Dama répondit : « Je vais t’apporter une preuve qu’il peut me guérir », mais il n’eut pas le temps d’apporter la preuve qu’il mourut.  Rabbi Yishma`el déclara: « Heureux es-tu, Ben Dama, car tu es sorti en paix de ce monde, et tu n’as pas traversé la barrière des sages car quiconque fait une brèche dans la barrière des sages est destiné à finir mal, ainsi qu’il est dit « celui qui traverse une barrière, le serpent le mord » (Ecclésiaste 10:8) ».  Il arriva un jour que Rabbi Eli`ezer fut arrêté pour hérésie. On l’emmena devant la cour et l’hegemon (le juge) lui demanda : « Un ancien comme toi s’occupe de ces choses ? ». Rabbi Eli`ezer lui répondit : « Je considère le Juge (dayân) digne de confiance ». Le juge pensa que Rabbi Eli`ezer se référait à lui, alors qu’il se référait à son Père qui est aux cieux. Le juge dit alors : « Puisque que tu m’as estimé digne de confiance, je me suis dit moi aussi : Des cheveux blancs comme ceux-là se tromperaient t-ils sur ces choses ? Tu es libre ! ». Lorsqu’il quitta la cour, rabbi Eli`ezer se désola d’avoir été arrêté pour hérésie. Ses disciples vinrent le consoler, mais il refusa leur consolation. Rabbi `Aqiva s’approcha de lui et lui dit : « Rabbi ! Puis-je te dire une chose pour que tu ne sois plus dans cette détresse ? ». Il lui dit : « Parle ! ». Rabbi `Aqiva dit : «  Se peut-il que l’un des hérétiques t’ai dit une parole d’hérésie et que cela t’ait plu ? ». Il lui dit : «  O Ciel ! `Aqiva ! Tu m’as rappelé d’une chose ! Un jour, je me promenais sur la route de Sepphoris et j’y rencontrais Ya`aqov de Kfar-sikhnîn qui me dit une parole de minouth (hérésie) au nom de Yéshou`a ben Pantira [le Talmud contient à cet endroit : « Yeshou le Nazaréen » ישו הנוצרי –] et cela m’a plu. Et ainsi je fus arrêté pour cause de minouth (hérésie), car j’ai transgressé la Torah : « Éloigne tes pas d’elle, ne t’approche pas de l’entrée de sa maison » (Pr 5, 8), « Car nombreuses sont les victimes dont elle a causé la chute… » (Pr 7, 26)  » (Tossefta Houlin 2,21-22, Talmud de Babylone `avodah Zarah 17a)

A l’endroit de « j’ai transgressé la Torah »,  la version qui figure dans le Midrash haggadol sur le Deut 23,19 (Edition Fischer) comporte : « J’ai transgressé les paroles de mes condisciples » שעברתי על דברי חברי.  Il faut ainsi comprendre que ce sont les condisciples de Rabbi Eli`ezer, c'est-à-dire les membres du Tribunal de Rabban Gamaliel de Yavné, actifs après la destruction du deuxième Temple,  qui mirent au banc tous les croyants en Yeshou`a en raison des méfaits d’une partie d’entre eux. Les historiens, généralement, situent l’émission de ce décret entre l’an 90 et 100 de l’ère commune. La Barayta qui apparaît dans le traité Bérakhoth 28a du Talmud Babylonien relate encore :

שמעון הפקולי הסדיר י"ח ברכות לפני רבן גמליאל על הסדר ביבנה אמר להם ר"ג לחכמים כלום יש אדם שיודע לתקן ברכת המינים עמד שמואל הקטן ותקנה

« Shime`on ha-peqoli exposa dans l’ordre  les 18 bénédictions devant Rabban Gamaliel à Yabné. Rabban Gamaliel dit aux Sages : Quelqu’un saurait-il mettre au point la bénédiction des hérétiques ? Shmouel le jeune se leva et l’a mis au point »  

D’après les Halakhoth Gédoloth, cette  mesure visait les croyants en Yeshou`a :

ואם טעה בברכת המינין מעלין אותו היישינן שמא מין הוא וברכת המינין בתר ישו בר פנדירא הוא שאיתקן דנפישו להו מיני דאמ׳ מר ברכת המינין ביבני תקנוהא

« Si l’officiant se trompe sur la Birkath ha-minim, on le destitue car c’est un mîn (hérétique). Et la Birkath ha-minim a été mise au point à cause de Yéshou bar Pandira, car les hérétiques se multiplièrent. Mar dit : c’est à Yavné que la Birkath Ha-minim a été mise au point »

Le texte retrouvé dans la Guéniza du Caire corrobore cette tradition et nous donne la version suivante :

למשומדים אל תהי תקוה, ומלכות זדון מהרה תעקר, והנוצרים והמינים ברגע יאבדו, ימחו מספר חיים ועם צדיקים אל יכתבו. ברוך אתה ה' מכניע זדים

« Qu’il n’y ait aucun espoir pour les renégats, que le pouvoir de malheur disparaisse rapidement de nos jours, que les notsrim (nazaréens) et les minim (hérétiques) aillent sur l'heure à leur perte, qu'ils soient effacés du livre de vie et qu'ils ne soient pas inscrits parmi les justes. Tu es béni l’Eternel qui courbe les méchants »  

Qu'une telle malédiction ait effectivement été récitée dans les synagogues de la terre d’Israël, les pères de l'église en témoignent. Epiphane dit par exemple :

« Les nazaréens … sont très haïs par les Juifs. Car, non seulement les enfants Juifs nourrissent de la haine contre eux, mais le peuple aussi se lève le matin, à midi et le soir, trois fois par jour, et ils prononcent des jurons et des malédictions sur eux quand ils disent leurs prières dans les synagogues. Trois fois par jour, ils anathématisent en disant : « Que Dieu maudisse les nazaréens » (Panarion 29)

Relevons encore :

לשנה אחרת שכחה והשקיף בה שתים ושלש שעות ולא העלוהו אמאי לא העלוהו והאמר רב יהודה אמר רב טעה בכל הברכות כלן אין מעלין אותו בברכת המינים מעלין אותו חיישינן שמא מין הוא שאני שמואל הקטן דאיהו תקנה וניחוש דלמא הדר ביה

« L’autre année, Shmouel le jeune oublia de la réciter et essaye pendant deux ou trois heures de s’en souvenir, mais ils ne l’ont pas destitué. Pourquoi n’ont-ils pas destitué Shmouel le jeune ? Rav Yéhoudah n’a-t-il pas dit au nom de Rav : Celui qui se trompe concernant toutes les bénédictions, on ne l’enlève pas, mais celui qui se trompe concernant la Birkat ha-minim, on le destitue parce qu’il est suspecté d’hérésie ? Shmouel le jeune est différent, car il l’a amendé. Mais ne se peut-il pas qu’il a changé d’avis ? » (Talmud de Babylone, Bérakhoth 29a)

La Birkath ha-minim, sous rabban Gamaliel de Yavné, a ainsi servi aussi bien à exclure les nazaréens des synagogues –ceux-ci auraient en effet refusé de continuer à prier dans les endroits où on les maudissait – qu’à expurger de la communauté rabbinique même les croyants secrets dès lors que ceux  qui refusaient de réciter cette bénédiction, en réalité une malédiction, ou qui feignaient de l’oublier auraient été exposés, destitués de leur fonction (s’il s’agissait d’officiants), et bannis. Quel en fut le motif ? Il peut être lu dans le Talmud de Jérusalem :

דרב מתנא ור' שמואל בר נחמן תרוויהון אמרי בדין היה שיהיו קורין עשרת הדברות בכל יום ומפני מה אין קורין אותן מפני טענות המינין שלא יהו אומרים אלו לבדן ניתנו לו למשה בסיני

« Rav et Rabbi Yishma`el bar Nahmân dirent tous deux : En principe, on devrait lire les dix paroles chaque jour. Pourquoi ne les lit-on donc pas ? En raison des allégations de hérétiques (minim), afin que ceux-ci ne disent pas que seules les dix paroles furent données à Moïse au Sinaï » (Talmud de Jérusalem, Bérakhoth 1,5)

Cela fait écho aux enseignements de la Didascalie qui affirme  que seuls les dix commandements ont été donnés initialement à Moïse et sont éternels tandis que les préceptes rituels, la deuxième loi (deutéroseis), n’ont été imposés aux Hébreux qu’en punition de la faute du veau d’or et ne sont que temporaires. L'épître de Barnabé, écrit peu après l’an 70, porte le même enseignement. On retrouve encore dans le Talmud de Babylone :

אימא שלום דביתהו דרבי אליעזר אחתיה דרבן גמליאל הואי הוה ההוא פילוסופא בשבבותיה דהוה שקיל שמא דלא מקבל שוחדא בעו לאחוכי ביה אעיילא ליה שרגא דדהבא ואזול לקמיה אמרה ליה בעינא דניפלגי לי בנכסי דבי נשי אמר להו פלוגו א"ל כתיב לן במקום ברא ברתא לא תירות א"ל מן יומא דגליתון מארעכון איתנטלית אורייתא דמשה ואיתיהיבת עוון גליון וכתיב ביה ברא וברתא כחדא ירתון למחר הדר עייל ליה איהו חמרא לובא אמר להו שפילית לסיפיה דעוון גליון וכתב ביה אנא לא למיפחת מן אורייתא דמשה אתיתי [ולא] לאוספי על אורייתא דמשה אתיתי וכתיב ביה במקום ברא ברתא לא תירות אמרה ליה נהור נהוריך כשרגא א"ל רבן גמליאל אתא חמרא ובטש לשרגא

« lma Shalom était la femme de Rabbi Eli`ézer et la sœur de Rabban Gamaliel. Il y avait dans leur quartier un philosophe (certains manuscrits comportent à cet endroit : « min », c'est-à-dire, « hérétique »)  qui s’était fait la réputation de ne jamais se laisser corrompre. Ils voulurent alors se moquer de lui. Après qu’elle lui ait remis une lampe en or, ils vinrent chez lui. Elle lui dit : « Je voudrais avoir une part des biens familiaux ». Il leur dit: « Partagez ». Rabban Gamaliel lui dit : « Mais  il est écrit dans notre Loi que quand il y a un fils, la fille ne peut hériter ». Il lui dit « depuis que vous avez été exilés de votre pays, la loi de Moïse a été abolie et un autre livre, l’Evangile, a été donné ; et il y est écrit que le fils et la fille hériteront ensemble ». Le lendemain, Rabban Gamaliel revint, accompagné d’un âne libyen. L’hérétique leur dit : « J’ai regardé la fin du livre de l’Evangile et il y est écrit : Je ne suis pas venu retrancher à la Loi de Moïse, je [ne] suis [pas] venu pour ajouter à Loi de Moïse, et il y est écrit que quand il y a un fils, la fille n’hérite pas ». Ima Shalom lui dit : « Fais briller ta lumière comme la lampe ! ». Rabban Gamaliel dit : « L’âne est venu et renversa la lampe » » (Talmud de Babylone, Shabbath 116b)

Cet incident laisse voir qu’après les catastrophes de l’an 70, certains judéo chrétiens de la terre d’Israël ont embrassé les croyances des chrétiens gentils.

On peut néanmoins se demander pourquoi maudire et déclarer hérétique toute une mouvance en raison de quelques uns. L’on sait qu’à la même époque, après la destruction du deuxième Temple, les chrétiens gentils en manque de légitimité, qui du vivant encore des apôtres formaient une mouvance antagoniste aux judéo chrétiens de Jérusalem, commencèrent à réclamer Jacques et les autorités apostoliques comme des leurs. Ils expliquaient les contradictions entre leur doctrine et celle des proches disciples de Yéshou`a en avançant que ces derniers, secrètement,  avaient les mêmes croyances qu’eux, mais professaient extérieurement le judaïsme afin de se voir accorder le droit de rester parmi les Juifs et les gagner à l’évangile.  Ils prétendaient qu’une fois que des Juifs devenaient « chrétiens », les apôtres les amenaient petit à petit à la croyance que le Christ est Dieu et que la Torah n’est plus d’actualité.  En d’autres termes, ce ne furent pas seulement les chefs de la communauté judéo chrétienne mais aussi leurs fidèles qui étaient accusés par les chrétiens païens de croire en les mêmes doctrines qu’eux, mais de ne pas le dévoiler aux autorités juives qui si elles l’apprenaient, empêcheraient aux judéo chrétiens de poursuivre leur œuvre missionnaire parmi les Juifs. Chrysostome, rapportant une explication qu’il aurait héritée de ses prédécesseurs, déclara que  « les Apôtres ne se hâtèrent point d’annoncer d’abord cette naissance merveilleuse de Jésus-Christ […] car si les Juifs eussent eu quelque connaissance de ce mystère, jamais ils n’auraient cru que Jésus-Christ était fils de David, et leur incrédulité, sur ce point, aurait eu les plus funestes conséquences » (Homélies III). Nous lisons encore dans les écrits d’Athanase : « Les Apôtres firent cela (prétendirent que Jésus était simplement homme) en tant que sages architectes et dispensateurs des mystères de Dieu.  Car les Juifs de cette époque, s'étant trompés eux-mêmes, et ayant également trompés les Gentils, pensaient que le Christ est un homme ordinaire, venu seulement de la semence de David à l'instar des autres fils issus de David, car ils ne croyaient ni qu'il était Dieu ni que le Verbe était devenu chair. C'est pour cela que les Apôtres enseignèrent d'abord aux Juifs l'humanité du Christ, pour qu'après les avoir persuadé à partir de faits visibles, et des miracles, que le Christ est venu, ils les amènent à la croyance en sa Divinité » (Athanase, De Setentia Dyonisii, chapitre 8).  D’après Jérôme, pour lequel « c’est par crainte des Juifs que Pierre et Paul firent semblant d’observer les préceptes de la Loi » (Lettre 112 à Augustin 3,11), « ce sont Jacques et les autres anciens qui ont enseigné à Paul cette dissimulation » (Ibid. 3,10).  C’est donc bien le constat que des judéo chrétiens aient finis par professer les mêmes doctrines que l’église pagano chrétienne, aggravé par ces rumeurs d’apostasie qui pointaient toute la mouvance,   qui conduisirent Rabban Gamaliel de Yavné et son Tribunal à suspecter d’hérésie et exclure l’ensemble de la secte des Nazaréens. Ceci n’est pas une simple conjecture.  Le passage de la Tossefta que l’on a cité plus haut, mais que nous reprendrons ci-après pour la clarté, rapporte en effet :

פעם אחת הייתי מהלך באסטרטיא שלצפורי מצאתי  יעקב איש כפר סכנין , ואמר דבר שלמינות משום ישוע בן פנטרא והנאני ונתפסתי על דברי מינות שעברתי על דברי תורה: הרחק מעליה דרכך, ואל תקרב אל פתח ביתה כי רבים חללים הפילה, ועצמים כל הרגיה

« Rabbi Eli`ezer dit : (…) Un jour, je me promenais sur la route de Sepphoris et j’y rencontrais Ya`aqov de Kfar-sikhnîn qui me dit une parole de minouth (hérésie) au nom de Yéshou`a ben Pantira et cela m’a plu. Et ainsi je fus arrêté pour cause d’hérésie car j’ai transgressé la Torah : « Éloigne tes pas d’elle, ne t’approche pas de l’entrée de sa maison » (Pr 5, 8)» (Tossefta Houlin 2,21-22)

La citation du livre des Proverbes laisse voir que pour les autorités, les judéo chrétiens faisaient semblant de professer le judaïsme pour attirer les Juifs à eux, à l’instar de la « femme étrangère » du chapitre cinq des Proverbes, dont « les voies s’égarent, et tu ne le sais pas » (Proverbes 5,6).

Dans tous les cas, l’exclusion des nazaréens des synagogues et de la communauté atteste clairement, d’une part, que de nombreux Juifs, dans l’antiquité, embrassèrent la foi en Yéshou`a et que le succès de la prédication nazaréenne fut telle que Rabban Gamaliel de Yavné et son Tribunal, vers la fin du premier siècle,  y virent une menace. Et, d’autre part, que les judéo chrétiens, pendant près de soixante dix ans après la mort de Yéshou`a,  faisaient partie intégrante de la communauté juive et y étaient tolérés ; ce qui n’aurait pas été possible s’ils se sont voué à l’idolâtrie ou ne pratiquaient plus la Torah. On n’exclut en effet pas des gens qui se trouvent déjà dehors. La source judéo chrétienne qu’a reprise Abd Al Jabbar confirme cet état des lieux lorsqu’ on y lit :

« Après lui (Jésus), ses disciples étaient avec les Juifs et les fils d’Israël dans les synagogues de ces derniers et observaient les fêtes et les prières des Juifs dans les mêmes endroits qu’eux. Cependant, il y eut un désaccord entre eux et les Juifs concernant le Messie » (Les judéo-chrétiens des premiers siècles selon une nouvelle source, p. 14, par  Shlomo Pines)

L’on ne devrait pas s’en étonner sachant comme nous l’avons vu que les Pharisiens, au premier siècle, étaient partagés sur la question : Les uns étaient absolument opposés à Yéshou`a et ses disciples. D’autres, bien qu’ils n’admettaient pas Yéshou`a comme le messie, toléraient quand même ceux qui croyaient en lui. D’autres encore pensaient qu’il était peut-être le messie et certains devinrent même croyants. Il est à noter que l’opinion, plus extrême encore que celle des Nazaréens,  selon laquelle la nation juive a déjà joui de l’ère messianique et que le messie ne viendra plus est également attestée dans le Talmud (Sanhédrin 99a), ce qui montre qu’avoir à ce sujet une position autre que celle professée par la majorité ne suffit pas pour faire d’un individu un hérétique ou un apostat. Prenons lecture, pour s’en persuader, de quelques extraits de l’ouvrage du rabbin Shime`on ben Tsémah Douran :

«  Saches, ô lecteur, que le plus grand principe dans tout cela est de croire ce que la Torah inclut concernant ces sujets. Celui qui renie une chose dans la Torah en connaissance de cause est un hérétique et ne fait parti d’Israël. Nous sommes ainsi fondés à dire que les principes de la Torah sont aussi nombreux que les lettres ou les mots qu’elle contient […] dès lors que quiconque renie ne serais-ce qu’une seule de ses lettres ou de ses mots, c’est est un apostat qui ne fait pas parti d’Israël. Nous sommes ainsi fondés à dire qu’ il n’existe dans la Torah qu’un seul principe qui est de croire que tout ce qui est inclus dans la Torah véridique [...] Tu dois aussi savoir que si quelqu'un accepte comme il se doit les racines de la Torah mais que ses spéculations le conduisent à croire au sujet de l'une des branches de la foi l'opposé de ce qui a été convenu qu'une personne doit croire et qu’il s'applique à interpréter les passages de la Torah selon sa propre croyance, même si un tel individu se trompe, il n'est pas un hérétique, car il ne fut nullement  amené à cela par une quelconque hérésie. Et s'il trouvait dans la tradition des Sages l'idée qu'il doit abandonner la croyance qu'il adopta, il le ferait car il ne s'accroche à cette croyance que parce qu'il croit que c'est l'intention de la Torah. De ce fait, même si, selon ce qui a été convenu par notre nation, il se trompe, il n'est ni un apostat ni un hérétique puisqu'il accepte comme il se doit les racines de la Torah […]  Il y eut parmi les Sages d'Israël  quelqu'un qui disait qu'il n'y aura plus pour les Israélites d’ère messianique puisqu’ils ont déjà consommé le messie aux temps du roi Ezéchias (Talmud de Babylone, Sanhédrin 99a). Quand bien même les Sages le critiquèrent pour ses propos et exposèrent son erreur, ils n'ont pas dit qu'il était un apostat, même si un individu qui croirait cela aujourd'hui serait considéré comme un apostat selon ce que Maïmonide a établi comme une racine de la Torah. La raison en est que, comme nous l'avons déjà dit, puisqu' il est de ceux qui acceptent les racines,  il n'y a   pas à l'exclure de l'assemblée d'Israël s'il ne croit pas en l'une des branches en raison de son erreur d'interprétation de versets de l'écriture. Par contre, en ce qui concerne Elisha` ben Avouya, il a contredit les principes dans leur généralité, puisqu’il crut en l'existence de deux divinités, contrairement aux  commandements, comme celui énoncé en Deut 6,4 : « Ecoute Israël, l'Eternel est notre Dieu, l'Eternel est Un ». C'est pour cela qu'il est dit à son sujet qu'il « coupa les plantes », c'est-à-dire, qu’il est tombé dans l’hérésie (Hagigah 14b). Celui, cependant, qui maintient les plantes en leurs racines, mais qui coupe les fleurs et leurs branches, même s’il est dans l’erreur, n'est ni un apostat ni un hérétique » (Ohev mishpath, chapitre 9)

Ainsi, même suivant l’opinion selon laquelle Yéshou`a fut un imposteur, ceux qu’il égara à sa suite n’en sont pas pour autant des hérétiques si tant est qu’ils sont sincères et continuent à croire en la Torah Ecrite comme Orale et ses fondements, comme ce fut le cas, quelques décennies plus tard, de Rabbi `Aqivah, lequel a proclamé comme messie le général Bar-kokhva, que les Sages de sa génération ont pourtant dénoncé comme un imposteur (Yéroushalmi Ta`anith 4:7, Talmud de Babylone Sanhédrin 93b). Voilà pourquoi même les adversaires de  Yéshou`a permirent aux judéo chrétiens de rester dans les synagogues dont ils avaient le contrôle du moment qu’ils gardaient leurs convictions considérées comme erronées pour eux-mêmes et n’en fassent pas la promotion (Jean 12 :43-43). Rabban Gamaliel l’ancien, qui fut en son temps le président du Tribunal religieux et l’autorité suprême du judaïsme pharisien, a finalement tranché qu’il fallait laisser le champ libre à la prédication des apôtres et ne rien entreprendre contre leur mouvance, de crainte, si leur doctrine s’avérait être d’origine divine, de « combattre contre Dieu » (Actes 5 :38-39). On sait que cette décision a été respectée par les Pharisiens puisque lorsqu’Anan, le grand prêtre et le chef des sadducéens, « réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d'avoir transgressé la loi, et les fit lapider », Flavius Josèphe relate que « ceux des habitants de la ville qui étaient les plus modérés et les plus attachés à la loi », c'est-à-dire les Pharisiens (Guerre des Juifs 1,5,2; Antiquités judaïques 13,3), lesquels s’insurgèrent apparemment contre ce rejet flagrant de leur autorité,  « en furent irrités et envoyèrent demander secrètement au roi d'enjoindre à Anan de ne plus agir ainsi, car déjà auparavant il s'était conduit injustement » (Antiquités judaïques 20,9). « Certains d'entre eux », poursuit Josèphe, « allèrent même à la rencontre d'Albinus qui venait d'Alexandrie et lui apprirent qu'Anan n'avait pas le droit de convoquer le sanhédrin sans son autorisation ». Que ces Pharisiens aient été outragés et qu'ils aient protestés implique que d'après eux, Ya`aqov n’a rien commis qui soit passible de mort selon la Loi pharisienne. Ce qui n’aurait pas été le cas si Yéshou`a, dont Ya`aqov a perpétué les enseignements,  a incité le peuple à adorer une autre divinité ou enseigné que la Loi n’est plus à suivre ou remis en question les interprétations unanimement reconnues comme relevant de la Loi Orale.

En somme, ce ne fut qu’à l’époque de Rabban Gamaliel de Yavné que les croyants en Yéshou`a , suspectés aux yeux des Sages d’entretenir des positions contraires à l’orthodoxie rabbinique,  furent définitivement excommuniés.  Il serait à propos de remarquer à cet égard que Rabbi Eli`ezer, qui s’est démarqué de ses compères de par son refus de se soumettre à la décision du Tribunal de Yavné, fut, à un moment, suspecté d’être un membre de la secte des Nazaréens  (Talmud de Babylone `Avodah Zarah 17a). Il l’aura cependant plus tard regretté lorsque les romains, qui poursuivaient alors les disciples de Yéshou`a, l’arrêteront (ibid.)

En tout état de cause, si Yéshou`a a réellement incité le grand nombre à adorer un autre dieu et fit fauter le peuple, pourquoi ne pas les avoir bannis, lui et ses disciples, immédiatement ? Pourquoi avoir attendu le patriarcat de Rabban Gamaliel de Yavné, soit environ soixante dix ans après la crucifixion et la dissolution du Grand Tribunal de Jérusalem, qui, d’ailleurs, ne s’est pas prononcé sur la messianité ou non de Yéshou`a (Actes 5 :38-39), pour bannir ses fidèles de la communauté d’Israël ?

Notons, à l’adresse de ceux qui se servent de ces passages polémiques pour rejeter tout le Talmud , sous prétexte qu’il « insulte Jésus », que la Loi Orale, laquelle est antérieure à sa mise à l’Ecrit dans la Mishnah, la partie la plus ancienne du Talmud, et la Guémara qui la commente, n’a pas été inventée par ces Sages. Tout comme il ne serait pas raisonnable de rejeter le texte hébreu de ce que les chrétiens nomment l’« Ancien Testament » sous prétexte qu’il a été copié par des Juifs « qui ont renié le Messie », ce n’est pas parce que la Loi Orale, toute autant divine que l’Ecrite, a été préservée et transmise par des Sages non croyants qu'il faille la rejeter.  Rappelons que Yéshou`a a prescrit à ses disciples d’obéir aux Pharisiens en tant que ceux qui occupent le siège de Moïse (Matthieu 23 :2-3), c'est-à-dire, lorsqu’ils enseignent la Loi Orale véritable et tranchent conformément à celle-ci et non, et cela va de soit, lorsqu’ils la contredisent ou la dénaturent, comme l’enseigne la Tradition Pharisienne elle-même qui permet de ne pas tenir compte des décisions halakhiques contraires à la Parole de Dieu. Qui plus est, bien que les évangiles mentionnent les « téfilines » et confirment la validité de la pratique qui consiste à en mettre (Matthieu 23:5 ne condamne que le port de téfilines plus larges afin de se distinguer des autres), ils ne nous nous disent rien sur la manière de les élaborer. De même, l’on voit en plusieurs endroits des quatre évangiles que Yéshou`a célébré les fêtes à la même date que les Pharisiens. Pourtant, les évangiles ne rapportent pas comment les Pharisiens déterminaient les dates des fêtes. Yéshou`a lui-même  a mangé le sacrifice de la Pâque, non pas le 14 comme le prescrit la Loi Ecrite, mais le 13 Nissan (Luc 22:7-16, Matthieu 26 :17-20, Jean 19 :4-5), suivant l’actualisation de la Loi par le Sanhédrin qui trancha que l’on pouvait procéder au sacrifice pascal dès 13ème jour du mois de Nissan en raison du manque de place au Temple et de  l’affluence de pèlerins devenus beaucoup trop nombreux au premier siècle (Tossefta Pessahim 4:8). Il transparaît également de l’incident de la cueillette des épis (Matthieu chap. 12) que Yéshou`a adhérait à la définition pharisienne des travaux interdits le Shabbath, mais divergeait des Pharisiens, ou, devrait-on dire, des autres Pharisiens, sur les dérogations autorisées par la Torah, les désaccords ayant été courants, comme en attestent la Mishnah et la Tossefta, entre les Tanaïm. Pourtant, les évangiles ne nous donnent nulle part la liste des ouvrages qu’il est interdit de faire pendant le Shabbath. Les disciples dignes de ce nom  de Yéshou`a ne peuvent par conséquent pas ignorer la Loi Orale, consignée dans la Mishnah, la Tossefta, la Mékhilta, la Sifra, le Sifri, le Talmud de Jérusalem et le Talmud Babylonien, qui est la seule à fournir des réponses à ces lacunes. Les désaccords sur l’identité du messie ne doivent, en un mot, pas  nous amener à nous opposer à la Parole de Dieu ou aux enseignements conformes à celle-ci sous prétexte que ce sont des érudits non croyants, dont l’erreur sur un point n’implique pas qu’ils se trompent sur tout, qui nous les enseignent. Cela implique, pour les disciples du Nazaréen, d'appliquer aux sages du Talmud ce qu’ils dirent au sujet d’ Elisha` ben Avouya, le Sage qui a renié la Torah malgré son érudition :

זכור לתורתו ואל תזכור מעשיו

« Souviens-toi de sa Torah et non de ses œuvres » (Talmud de Babylone, Hagigah 15b ) 

הט אזנך ושמע דברי חכמים ולבך תשית לדעתי לדעתם לא נאמר אלא לדעתי  ... דרש רבא מאי דכתיב (שיר השירים ו) אל גנת אגוז ירדתי לראות באבי הנחל וגו' למה נמשלו ת"ח לאגוז לומר לך מה אגוז זה אע"פ שמלוכלך בטיט ובצואה אין מה שבתוכו נמאס אף ת"ח אע"פ שסרח אין תורתו נמאסת

« Prête l’oreille au discours des Sages et soit attentif à ma connaissance (Proverbes 22 :17) – Il n’est pas dit «  leur connaissance », mais « ma connaissance » […] Rabba enseigna : Quelle est la signification du verset : « Je suis descendu dans le jardin des noix » (Cantiques chapitre 5) ? Le texte vient t’enseigner qu’à l’instar des noix qui même si elles sont couvertes de boue et de saleté, leur contenu n’est pas souillé, un érudit, même s’il pèche, sa Torah n’est pas souillée » (ibid.)

A rapprocher des propos de Pierre, rapportés en termes dans les Homélies Clémentines :

« Il vous a été ordonné d’honorer le siège de Moïse, même si ceux qui l’occupent passent pour des pécheurs » (Homélies Ps-Cl 3:70)                         

Certes, nous écartons comme non historiques les fables talmudiques sur Yéshou`a, lesquels ne relèvent que de l’opinion des  rabbins qui les ont inventé, et non de la Halakhah, la Loi pratique, mais c’est la tradition rabbinique elle-même qui nous fonde à le faire  sachant que : 

והגדה היא: כל פירוש שיבוא בתלמוד על שום עניין שלא יהיה מצווה, זו היא הגדה. ואין לך ללמוד ממנה אלא מה שיעלה על הדעת לפי חכמתו ויראתו של הלומד. ויש לך לדעת שכל מה שקיימו חז"ל הלכה בעניין מצווה, שהיא מפי משה רבינו עליו השלום שקיבל מפי הגבורה, אין לך להוסיף עליו ולא לגרוע ממנו. אבל מה שפירשו בפסוקים – כל אחד כפי מה שנזדמן לו ומה שראה בדעתו, ולפי מה שיעלה על הדעת מן הפירושים האלו לומדים אותו, והשאר אין סומכין עליהם

« La Haggadah est une explication talmudique qui ne porte pas sur un commandement. Et tu ne dois en tirer que ce qui est sensé. Tu dois aussi savoir qu’en ce qui concerne tous ce que nos Sages, de mémoire bénie, ont établis comme la Halakhah au sujet d’un commandement qui vient de Moshéh Rabbénou, que la paix soit sur lui, a reçu de Dieu, tu ne dois ni y ajouter ni y retrancher. Mais concernant leurs interprétations des écritures, chacun n’a fait qu’exprimer ce qui lui semblait et ce qui lui passait par la tête. Nous n'apprenons que de celles qui ont un sens et nous ne nous appuyons pas sur le reste » (Shémouel Ha-naguid, Introduction au Talmud)

 הגדה ומדרש אף על פי שכתובין בתלמוד אם לא יכוונו ואם ישתבשו אין לסמוך עליהם, כי כללינו הוא אין סומכין על ההגדה

« Il ne faut pas s'appuyer sur la Aggadah et le Midrash, même ceux qui sont compilés dans le Talmud, s'ils sont infondés ou erronés, car notre principe est qu'on ne s'appuie pas sur la Aggadah » (Haay Gaôn, cité par le Raavad, Séfer Ha-eshkhol, Hilkhoth séfer Torah 60a)

Voilà pourquoi d’éminents rabbins, outre le Rav Zekharyah Frenkel dont on a cité plus haut l’ouvrage, ne se sont pas appuyés sur ces aggadoth du Bavli et dépeignent un tout autre tableau. Ce fut le cas notamment du rabbin italien Léon de Modène, qui, insistons là-dessus, était tout sauf un judéo chrétien et qui ne considérait même pas Yéshou`a comme un simple prophète.  Nous reprenons ci-après quelques extraits pertinents de son ouvrage :

«  Tu ne verras jamais dans les Evangiles que Jésus s’est appelé « Dieu », mais qu’il s’est considéré comme un homme […] Il s’est toujours désigné comme un « fils d’homme » et « homme » en plusieurs endroits. Il  a toujours attribué sa puissance et son importance à son Père qui est cieux.  […] J’ai lu un récit, qui circule et qui se trouve la possession d’un individu de notre peuple, qui relate ses péchés de jeunesse et ceux qu’il a faites dans sa vie, comment est ce qu’il a fait pour accomplir des miracles, jusqu’au jour de sa mort. Il est clair que le tout n’est qu’un mensonge, qui a été composé par un homme qui s’est opposé à lui et dont l’intention était de le diffamer. Ce récit est une honte pour tout fils d’Israël qui y croit pour n’importe quelle raison. De ce que j’ai compris de nos livres et des leurs (aux chrétiens), j’ai dérivé ce principe, qui, à mon sens est exacte, et qui est telle que si j’ai moi-même vécu dans la même génération que lui et que j’ai étudié à ses côtés : Saches qu’il y eut, parmi les Juifs de l’époque, vers la fin de l’ère du deuxième Temple, plusieurs sectes, lesquelles reconnaissaient toutes la Torah de Moïse mais qui étaient divisée quand à son interprétation et à l’interprétation de ses commandement. Il y avait, parmi elles, les scribes et les pharisiens, qui sont nos Sages et desquels est issue la Mishnah. Il y eut aussi les Sadducéens, les Boéthusiens, les Esséniens et d’autres encore. Flavius Josèphe, de même que Carlo Sifinio, dans son ouvrage intitulé «  Republica Hebraeorum », mentionne certaines d’entre elles. De toutes ces mouvances, le Nazaréen a choisi la véridique et a suivi tous les enseignements de nos Sages, aussi bien en ce qui concerne les croyances que la pratique ; il croyait qu’elles étaient toutes reçues de Moïse. Et c’est ce qui transparaît clairement de l’Evangile [de Matthieu] où il dit à ses disciples : « Sur le siège de Moïse, sont assis les scribes et les pharisiens. Faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas selon leurs actions » (Matthieu 23:2-3). On voit qu’il a reconnu non seulement la Loi Ecrite  mais aussi la Loi Orale dans ce qu’il considérait comme reçue de Moïse […] Si son intention était de changer, ne serais-ce qu’une petite chose dans la Torah, jamais personne n’aurait accepté de l’écouter et tout le monde l’aurait persécuté. Voilà pourquoi, il a toujours affirmé l’actualité de la Torah, comme quand il dit : «  Je ne suis pas venu abolir la Torah, mais pour l’accomplir » (Matthieu 5,17). Il dit aussi que «  Le ciel et la terre passeront, mais une seule lettre de la Torah ne passera pas » (Luc 16,17). Il y eut néanmoins quelques éléments [de la tradition pharisienne] qu’il ne considérait pas comme des lois orales données à Moïse au Sinaï (halakhoth le-Mosheh mi-Sinaï), ni comme des traditions qu’ont hérité les anciens,  mais comme leur propre invention, auxquelles il commença à s’opposer et à dénoncer. La pratique du lavage rituel des mains a été héritée des anciens, ainsi que la bénédiction que l’on récite : «  Tu es Béni, ô Eternel notre Dieu, qui nous a sanctifié par ses commandements et nous a ordonné le lavage des mains ». Tu vois dans les Evangiles que les pharisiens l’ont critiqué en disant : «  Pourquoi tes disciples méprisent t-ils la tradition des anciens et ne se lavent t-ils pas les mains avant de manger ? » (Matthieu chapitre 15).  Les Sages eux-mêmes dirent que celui qui méprise le lavage des mains est extirpé du monde, en allusion à Jésus, pour dire qu’il n’est pas mort de lui-même mais qu’il a été extirpé du monde (Sotah 4b). Et lorsque les pharisiens entendirent que cet homme de basse condition et qui n’était pas encore d’âge mûre s’opposa à eux sur certaines choses, ils s’inquiétèrent et craignirent que cela se transforme en une nouvelle secte qui dénature la Torah , à l’instar des sadducéens, des boéthussiens et d’autres et commencèrent alors à s’informer sur lui et à s’opposer à ses dires et à ses agissements […] Il ne fait pour moi aucun doute que le Nazaréen n’a jamais osé se prétendre Dieu ou une partie de Dieu, comme le croient de nos jours les chrétiens à son sujet. Comme on peut en juger de sa manière d’agir, et de ses paroles, il ne lui est jamais venu à l’esprit de se faire Dieu […] Il savait que s’il se faisait Dieu, ou se disait être une partie du Dieu d’en haut, comme le dirent plus tard ceux qui croient en lui, même la masse du peuple l’aurait lapidé sans même l’amener devant le Tribunal. En effet, puisqu’il voulait être perçu comme plus qu’un prophète et un homme de Dieu, afin de s’élever à tous les niveaux et de l’emporter face à la controverse avec les scribes et les pharisiens, il s’est décrit comme étant le fils de Dieu. De cette manière, il aurait été élevé aux yeux de toute la masse du peuple et aurait été considéré, non plus comme plus grand que tous ceux qui sont nés de femmes, que tous les prophètes et même plus grand que Moïse notre maître, mais comme plus grand que les Anges eux-mêmes, car un fils est plus grand auprès d’un Père qu’un serviteur et un ministre. Les prophètes, en effet, sont appelés serviteurs, comme il est dit : «  Il révèle ses secrets à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3,7). Pareillement, il est dit au sujet de Moïse : «  Moïse, le serviteur de l’Eternel » (Deut 34,8). Les Anges sont appelés « ministres», comme il est écrit : « Il fait des esprits ses anges, et de ses ministres un feu allumé » (Psaume 104,4). En se disant « fils de Dieu », il se prétendait ainsi plus grand que tous ceux-là. Et c’est ce qu’a dit Paul, dans l’épître aux Hébreux (Hébreux chap. 1).  Avec l’appellation de « fils de Dieu », ses disciples et ceux qui crurent en lui l’ont élevé plus haut que tous les prophètes et les anges d’en haut, de même que la masse du peuple. Malgré tout, ils ne l’ont appelé Dieu qu’après un certain temps après sa mort. C’est également par cette description qu’il échappa à la condamnation du Sanhédrin, ou des juges, qui étaient en ces temps là, en disant qu’il n’avait pas l’intention de s’attribuer la Divinité. Lis, s’il te plaît, ce que relate à ce sujet l’Evangile de Jean, au dixième chapitre : « Mes brebis écoutent ma voix etc. Moi et le père nous sommes un. Ils ramassèrent de nouveau des pierres pour le lapider. Jésus leur répondit : « J’ai fait devant vous beaucoup de bonnes œuvres venant de mon Père, pour laquelle me lapidez vous ? ». Les judéens lui répondirent : «  Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème,  parce que toi, un homme, tu te fais Dieu ». Jésus leur répondit : «  N’est t-il pas écrit dans votre loi : Vous êtes des dieux ? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la Parole de Dieu a été adressée, et si l’Ecriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, car j’ai dit que je suis le fils de Dieu ? » (Jean 10:31-40). Ainsi, il dit à chaque fois que le Père l’a envoyé, qu’il le connaît, qu’il lui a donné, et non qu’il l’a (littéralement) engendré ni qu’il est le Père lui-même, mais dans le sens du verset : Vous êtes des dieux et des fils du très Haut » (Magen va-herev 3:8-10)

Précisons  que bien que certains Pharisiens, comme Rabbi Ele`azar ben `Arakh, aient effectivement considéré le lavage rituel des mains avant de manger du pain comme une loi biblique (Talmud de Babylone, Houlin 106a), la Tossefta Bérakhoth 5 :14 nous apprend que cette position ne faisait pas l’unanimité à l’époque du deuxième Temple, où certains croyaient qu’elle n’était pas obligatoire. Yéshou`a, auquel il n’a pas été reproché de prendre son pain avec des mains non lavées, contrairement à « certains » de ses disciples (Marc 7,2), est donc resté, même dans ses controverses, dans le giron de la tradition pharisienne qui était loin d’être monolithique.      

35 commentaires:

  1. Chalom Menahem
    Pour Yehouda Halevi (kuzari section3 paragraphe 65) et le Ramba"n (disputation de Barcelone paragraphe 22), Yeshu est celui de l'époque de Ben Perahia. Anachronisme évident avec celui du Jésus historique. Ils le résolvent par identifier ces deux personnes comme une seule et à une erreur de marquage chronologique par les non-juifs. Jésus aurait vécu 150 ans avant la date historique. Que pensez de cette énorme confusion de la part de piliers du judaïsme si votre version était avérée, car quelle confiance leur accorder par la suite ?

    Autre point : quelle place ou quel rang accordez-vous à rabbi Nahman de Breslev quand il se désigne lui-même être La Source de toute sagesse ?
    Il annonce que mashiah viendra avec ses livres. Or , à en lire les paroles dans les Évangiles, on a l'impression que l'un prend la place de l'autre (Ze leoumat Ze?)

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  2. J'ajoute un paragraphe d'étonnement Menahem.

    Vous citez sanhedrin 43a puis vous le comparez à Marc qui le contredit (Il n'a pas incité à servir un autre D.ieu).
    Je ne comprends pas, donneriez-vous alors davantage de crédit aux Évangiles plutôt qu'au Talmud, même de manière épisodique ?
    Autrement dit, vous placez au même niveau des textes remaniés, contestés et invérifiables (en cela rééquilibrés par le recours des philosophes ou historiens grecs) et le Talmud, Loi Orale, inspiration divine jusqu'à ce jour (et pour toujours) vérifiée ?

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  3. « . Que pensez de cette énorme confusion de la part de piliers du judaïsme ? »
    C’est parce qu’ils se basent sur la aggadah qui figure dans le traité Sotah 47a , qui , comme je pense l’avoir démontré , ne revêt aucun caractère d’historicité.
    « Quelle confiance leur accorder par la suite ? »
    La confiance qu’il faut accorder aux interprètes de la Loi Orale , la seule qui fasse autorité et non les opinions personnelles de rabbins ou des rumeurs infondées .
    « Quelle place ou quel rang accordez-vous à rabbi Nahman de Breslev quand il se désigne lui-même être La Source de toute sagesse ? »
    Il n’existe aucune mitsvah de la Torah , Ecrite comme Orale , qui dise de croire en rabbi Nahman
    « Je ne comprends pas, donneriez-vous alors davantage de crédit aux Évangiles plutôt qu'au Talmud, même de manière épisodique ? »
    L’Evangile , comme le Talmud , couche par écrit des traditions orales qui ont subi des modifications ( il n’est pas rare que le Talmud lui-même dise que telle ou telle Mishnah est rejetée ou la corrige même ). Je ne vois donc pas pourquoi accorder plus de crédit aux auteurs du Talmud qu’aux auteurs des évangiles. Il faut voir au cas par cas.

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  4. Je peux vous suivre tant que vous affirmez vous annuler aux Maîtres d'Israël, la Emounat Hakhamim sans laquelle je serais un élève de Yeshou(a) moi aussi car au fond pourquoi pas.
    En rendant friable cette emouna, vous pouvez dès lors épouser toutes formes de croyances sans aucune supériorité de l'une sur l'autre, et vous connaissez mieux que moi le parcours de Yitro.

    D'autre part, il ne s'agit pas d'interprétations de rabbins simplement Menahem, mais de piliers qui avaient Rouah Hakodesh. Vous savez fort bien que la guemara est un habillage du sod, la hagada elle aussi, le ben ich hai les a commentées sur le plan kabalistique. Elle n'est pas un récit historique abîmé ou imprécis. C'est nous-mêmes qui sommes abîmés et imprécis.

    Vous devez admettre qu'en mettant en doute votre emounat hakhamim, vous pourrez vous accordez facilement le droit d'allumer la lumière chabbat parce que vous trouverez un Rav qui le permettait en son temps.

    Rabbi Nahman dit qu'il est la Source de la Sagesse. Dans les épîtres on associe la Sagesse au Tsadik yessod olam. Vous avez un choix à faire, Yeshou(a) hanotsri est le Tsadik yessod olam ou bien Rabbi Nahman l'est puisque les deux ont été sans équivoques à ce sujet.
    L'un des deux ment.

    La mitsva est de croire au tsadik yessod olam par lequel toute la torah tient,le 1er étant moshe rabbenou.



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  5. La " emounath hakhamim ", justement, n'est pas enseignée par la Torah , d'après laquelle l'on ne doit obéissance qu' au Grand Tribunal de Jérusalem , donc pas à tous les sages en tout lieu et en toute circonstance , que dansle domaine de la Loi pratique ( donc pas de la foi ) , et ce , dans l'actualisation des commandements dans les contextes changeants , et non lorsqu' ils dénaturent ces commandements eux-mêmes. Il existe d'ailleurs tout un traité de la Mishnah, le massekhet Horayot , qui l'explique.

    " En rendant friable cette emouna, vous pouvez dès lors épouser toutes formes de croyances sans aucune supériorité de l'une sur l'autre "

    Pourquoi le serais-ce ? On croit en la Torah et en l'existence de Dieu, non pas parce que les " rabbins " l'ont dit ( il n'en n'existait pas encore lors de la révélation du Sinaï ) , mais en raison de la révélation que Dieu a faite par l'entremise de ses serviteurs les prophètes. Au contraire , j'obéis aux décisions du Sanhédrin parce que la Torah le dit. Dans votre cas, vous croyez en la Torah parce que les sages disent qu'elle est vraie .


    " Vous savez fort bien que la guemara est un habillage du sod, la hagada elle aussi "

    Pas toutes les aggadoth , d'après les guéonim.

    " Vous devez admettre qu'en mettant en doute votre emounat hakhamim, vous pourrez vous accordez facilement le droit d'allumer la lumière chabbat parce que vous trouverez un Rav qui le permettait en son temps. "

    Si ce qu'il dit est logique et fondé , pourquoi pas ? Encore une fois, ce n'est pas parce qu'un rav dit une chose que c'est vrai. C'est au raisonnement qu'il faut se soumettre , lorsqu'il est justifié , pas à la personne.

    " Rabbi Nahman dit qu'il est la Source de la Sagesse. Dans les épîtres on associe la Sagesse au Tsadik yessod olam. "

    C'est ce qu'il dit , et je ne suis pas tenu d'y croire. Demandez plutôt aux disciples du Gaôn de Vilna , qui ne sont pas moins juifs que les breslevers, ce qu'ils pensent du hassidisme

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    1. Le Rambam, dans ses 13 points de déclaration de foi, psake comment et en quoi croire. Ainsi, même croire est réglementé. D'ailleurs, Yeshu(a) ordonne lui-même de croire en son Père et aussi en lui-même.

      La dénaturation des mitsvot n'existe pas puisque la halakha appartient non pas à D.ieu mais aux dirigeants d'Israël.
      Celle-ci s'opère suivant des règles qui excluent toute obédience étrangère en la qualifiant d'hérétique. Et c'est précisément ici que nous divergeons je pense Menahem. A ce stade vous considérez que l'erreur est admissible, la classe dirigeante s'est trompée et fourvoie le peuple loin de son mashiah, tandis que là je décide de me plier à la règle édictée qui consiste à annuler mes Hokhmot personnelles car la emounat hakhamim m'y contraint. Ce faisant, je prends le chemin orthodoxe et vous le chemin hérétique. A cette étape,vous estimez que l'orthodoxie actuelle ne représente pas l'orthodoxie de Rabbi Yeshu(a) et vous ne suivriez en fait pas une branche dissidente mais l'authentique emouna.

      A présent Menahem, voyons pour rabbi Nahman.
      Effectivement, rien ne vous oblige à croire en ses paroles. Si vous vous intéressez de près à ses paroles vous serez étonné de voir que nous sommes dans un Ze Leoumat Ze avec Yeshu(a). Il dit être venu avec la mahloket (autorisation du Satan à entrer dans la tête des dirigeants pour se dresser contre lui). Il dit qu'avant lui on pouvait et maintenant sans lui on ne peut plus (sans moi vous ne pouvez rien faire disait Rabbi Yeshu(a)). Il est le seul intermédiaire entre D.ieu et les hommes dit-il (Les disciples l'écrivent dans leurs épîtres) etc...

      La différence entre Rabbi Yeshu(a) et Rabbi Nahman est diamètrale. Apparemment, ils ont le même discours et les deux c'est pour arriver à servir D.ieu emet leamito. Mais rabbi Nahman est reconnu par l'orthodoxie juive pour être un grand tsadik même s'il est écarté pour le moment.
      Yeshu(a), celui de sandredin 43a, lui ne l'est pas.

      Je connais bien la position des mitnagdim, tristement célèbre. Le monde haredi et les hassidiot s'épuisent et n'attirent plus personne car elles sont coupées de la Source. Restent habad et Breslev. Entre les deux, encore un choix et encore des similitudes avec rabbi Yeshu(a) et le Rabbi de Loubavitch. C'est sans fin.

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    2. " Le Rambam, dans ses 13 points de déclaration de foi, psake comment et en quoi croire. Ainsi, même croire est réglementé. "

      Maïmonide n'a rien " décidé " du tout. Il présente juste ce qui, selon lui, était l'opinion des prophètes. En d'autres termes, on doit , selon Maïmonide , croire en ces choses , non pas parce que Maïmonide l'a décidé , celui-ci étant clair quant au fait que la vérité ne peut être " décidée " par consensus et il affirme explicitement en plusieurs endroits qu' il ne peut y avoir de psaq dans les sujets qui ne sont pas de l'ordre de la halakhah , mais parce que Dieu a fait connaître ces vérités là aux prophètes. Mais même les articles de foi de Maïmonide sont contestés par le Ra'avad , Yosef Albo , le Rashbats et d' autres ....

      " La dénaturation des mitsvot n'existe pas puisque la halakha appartient non pas à D.ieu mais aux dirigeants d'Israël. "

      La définition même de ce que l'on appelle " religion d' hommes ". Heureusement que le Ba'al Hakouzari que vous citez comme un autorité incontestable n'est pas du même avis et rattache le pouvoir du Sanhédrin à l' inspiration divine à laquelle les 71 anciens avaient accès au mont du Temple.

      " là je décide de me plier à la règle édictée qui consiste à annuler mes Hokhmot personnelles car la emounat hakhamim m'y contraint "

      Objection classique à laquelle j'ai répondu dans ce lien :
      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2020/06/reponse-aux-objections-rabbiniques-la_16.html

      Jetez y un coup d'oeil.

      " voyons pour rabbi Nahman "
      Ce qu'a pu dire R. Nahman n'engage que lui et ses disciples.

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    3. " Je connais bien la position des mitnagdim "
      Et pourquoi ne pas s'y plier et considérer Schneerson et Nahman comme des imposteurs, dès lors que les mitnagdim font partie du monde rabbinique ? Si vous y réfléchissez un peu, vous verriez qque vos objections peuvent être retournées contre vous.

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    4. Le principe même de Ze Lemoumat Ze est par définition que tout ce que je dis peut se retourner par effet miroir contre moi. A la fin, il y a un choix à faire. Ou yeshua ment ou rabbi Nahman ment.

      Rabbi Nahman ne s'est pas prétendu Mashia'h mais il a dit que le mashiah viendrait avec ses livres.

      Rabbi Nahman demande à ce que l'on reste dans la halakha psakée du Marane ou du Rama ou de sa hassidout. Il enjoint un limoud soutenu mais pas façon litaï où c'est étudier pour apprendre mais plutôt pour changer et aimer D.ieu.

      Pourquoi rabbi Nahman et pas d'autres. Très simplement parce que rabbi Nahman a dit qu'il était la Source, les autres hormis yeshua, ne l'ont pas dit.

      Il faut donc se décider. L'un des deux est un imposteur.

      Chabbat chalom

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    5. " rabbi Nahman a dit qu'il était la Source "
      Justement, rien ne prouve qu' il était cette source.

      " Il faut donc se décider "
      Qu'est ce qui vous dite que je ne me suis pas déjà décidé ?

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  6. Rien ne prouve qu'il était la Source pour celui qui ne veut pas examiner sa torah et aussi l'expérimenter en étant relié à lui dans son avodat Hm.

    Je sais que vous avez décidé de croire en la messianité de Yeshua. Il faut donc décider de classer Rabbi Nahman parmi les imposteurs car choisir l'un exclue l'autre.

    Seulement, en choisissant Yeshua vous vous mettez les richonim et possekim actuels à dos. Vous devez avoir recours aux philosophes grecs pour témoigner, vous devez aussi discréditer la hagada en certains endroits, utiliser des historiens et professeurs de tout horizon pourvu que votre analyse soit étayée.
    Si vous vous en tenez uniquement à nos maîtres, ça va coincer rapidement et il faudra alors trouver la faille dans nos textes pour y insérer votre conception.
    C'est ce que je remarque.

    En y voyant rabbi Nahman comme la Source, vous n'avez pas contre vous nos maîtres, vous avez des opposants à cette interprétation mais pour tous rabbi Nahman est l'un des plus grands tsadikim (en réalité, la source de tous les tsadikim, même de moshe rabbenou).

    Hormis cela, je trouve votre travail exceptionnel et de qualité sur le plan intellectuel et analytique. Le meilleur rapport que l'on puisse opposer aux chrétiens selon moi. Le meilleur sur la toile de ce que je lis depuis des années.

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    1. " Rien ne prouve qu'il était la Source pour celui qui ne veut pas examiner sa torah "

      Même en ayant examiné sa Torah , je n'ai rien trouvé de probant , aucune preuve concrète , qui prouve qu'il était réellement ce qu'il se disait être , contrairement à Yéshou`a haNotsri dont les paroles sont appuyées non seulement par une analyse critique des évangiles, qui montre que le récit de la résurrection n'a pas pu avoir été inventé , mais aussi par le Talmud, qui atteste de la réalité des miracles effectués en son nom et qui évoque plusieurs phénonèmes anormaux qui se produisirent pendant l'année de la crucifixion ( les auteurs du Talmud n'étant pas chrétiens, ils n'avaient aucune raison d'inventer ces faits ). Les sources aussi bien rabbiniques, comme celles que j'ai reprises dans l'étude, que chrétiennes, disent également que les premiers judéo chrétiens ont continué à pratiquer la Torah. La prophétie de Yéshou`a sur la ruine de Jérusalem s'est également réalisée , prophétie qui n'a pas pu avoir été inventée après coup par les auteurs des évangiles qui , si tel avait été le cas, se seraient abstenus de dire que le Fils de l'Homme aparratrait immédiatement après , chose qui, comme on le sait, ne s'est produite ( bien qu' elle puisse s'expliquer par la Loi Orale ) et que l'auteur de l'épître de Pierre , qui date d'après l'an 70 , tente d'expliquer.

      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2019/07/la-resurrection-de-yeshoua.html

      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2019/12/le-messie-disrael-revele.html

      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2020/05/reponses-aux-objections-rabbiniques-la.html

      On ne peut pas en dire pareillement de Rabbi Nahman .

      " En choisissant Yeshua vous vous mettez les richonim et possekim actuels à dos "

      De toute façon, ce blog n'a pas été conçu pour plaire.

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  7. Vous pouvez également ajouter que 40 ans avant le 'Hourban (70-71-72-73), soit l'année 30 environ, date de crucifixion, le cohen gadol n'obtenait plus le pardon pour le peuple à kippour.
    Ce qui validerait renforcerait votre inclination vers la kappara en son corps qu'offrait la foi en Yeshua.

    Les miracles ont été pratiqués par tous les tanaim qui résusistaient les morts, Rav ben tsion haba shaoul a fait relever un paralytique lui aussi, le ben ich hai qui s'entretenait les soirs avec deux hommes qui disparaissaient aussitôt quand on s'approchait, Eliyahou Hanavi apparaissant à Rachi et tant d'autres sans jamais de mention de Yeshua etc...


    Nous allons trouver des arguments de ce en quoi vous adhérez, Menahem. Mais c'est ici le point sensible et il restera le même : vous ne vous annulez pas. C'est cela que D.ieu demande plus que de prouver et chercher à rétablir une vérité. L'obéissance vaut mieux que tous les sacrifices.
    Vous avez contre vous absolument tous les géants de notre tradition, depuis les amoraim jusqu'à nos possekim et mekoubalim. Pas un seul dans votre sens, bien au contraire.
    Et, si tous ces fondements de notre tradition se trompent alors ce sont vos arguments aussi qui s'effondrent puisque vous les tirez d'eux.

    On a envie d'y croire parce que ça nous permettrait de ne pas s'annuler et d'exister.

    Rabbi Nahman a prouvé tout ce qu'il avançait dans son likoutey moharan.
    Quant à croire en ses conseils et son rang dans le service divin cela tient non pas de l'intellect mais uniquement de la emouna comme qui vous savez (Ze Leoumat Ze).







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    2. " Les miracles ont été pratiqués par tous les tanaim qui résusistaient les morts "
      En quoi cela prouve t-il que ceux que Yéshou`a a réalisés sont fausses ? Ils ont peut-être ressuscité les morts et effectués des miracles , mais Yéshou`a, lui , a été relevé d'entre les morts et il affirma d'avance que ce sera le signe qui prouverait sa messianité. On n'est pas là en présence des simples miracles , mais de signes qui, selon le prophète lui-même , permettraient d'authentifier sa prophétie.

      " C'est cela que D.ieu demande "
      Là est, justement, la question : Où le demande t-il ?

      " si tous ces fondements de notre tradition se trompent alors ce sont vos arguments aussi qui s'effondrent puisque vous les tirez d'eux. "
      Non, puisque je les tire de la Tradition Orale qu'ils ont preservés, non inventée, qui est antérieure à eux puisqu' elle provient des prophètes. Qu'ils se soient trompés dans leurs jugements , possibilité que la Mishnah elle-même admet , ne constitue donc en rien une objection valable.

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  8. Quand les tanaim faisaient eux aussi les miracles c'était pour vous répondre sur ceux que Yeshoua a pratiqués, rien de déterminant à cette époque pour fixer sa messianité.

    Quant à sa résurrection, je ne peux pas répondre. Cela appartient au récit de livres non retenus par notre Tradition justement.

    D.ieu demande qu'on se soumette aux dirigeants du peuple, même si l'on sait que des erreurs peuvent arriver (Korban à apporter quand le Sanhédrin avait égaré le peuple).
    Quand vous avez tous les dirigeants du peuple qui vous demandent de croire que le mashiah ben Yossef est né à partir du hourban, où se trouve votre annulation ?
    Quand vous avez la totalité des Sages, sans exception, qui destituent la messianité de Yeshua, pourquoi vous choisissiez de désobéir, en savons-nous davantage qu'eux ?
    Sommes-nous plus proches de D.ieu qu'eux ne le sont ?
    Avons-nous traversé le chass autant qu'eux l'ont fait ?

    Si l'on considère que Yeshua est le messie alors toute la guemara s'envole, la halakha est caduque, les géants deviennent les plus méprisables, les mekoubalim deviennent les plus grands menteurs.
    L'histoire de notre peuple, les épreuves, les tsadikim, les hidoushim, les miracles, le moussar, les tefilot etc.. tout est faux et c'est la fin du judaïsme.
    Pourtant, vous connaissez les témoignages sans nombre des délivrances divines pour notre peuple, les révélations au Ari Zal de Eliyahou hanavi, le rashbi qui clairement écrit que c'est par son seul mérite que le monde a tenu à l'époque et j'en passe car vous n'avez pas besoin d'être instruits là-dessus, vous savez mieux que moi je crois ; ils ont menti eux aussi ou bien ont-ils été des agents du Satan bernés par l'ange de lumière ?

    Soit dit en passant, l'épître aux hébreux est déconcertante pour le monde lithai, une imposture pour la hassidout. Un chef d'oeuvres pour celui qui croit au sacerdoce des sacerdoces de Yeshua.

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    1. Vous ne semblez toujours pas comprendre mes propos : Tous ceux qui font des miracles ne sont certes pas le Mashia'h mais le Mashia'h doit accomplir des miracles pour démontrer sa messianité. Les miracles que fit Yéshou`a et ses disciples ne suffisent donc certes pas pour prouver qu'il ait réellement été ce qu'il se disait être, mais elles y concourent ; l'accumulation de preuves étant la plus grande preuve. A noter tout de même que par " miracles", je n'entendait pas que les miracles qu'a fait Yéshou`a, ou, plus exactement, qui ont été fait par son entemise, mais aussi les prodiges orchestrés par Dieu, sachant que Yéshou`a n'a pas pu se ressusciter lui-même, qu'il n'a pas de lui-même fait trembler la terre au moment de sa crucifixion, et que ce n'est pas lui qui fit que le ruban attaché au bouc émissaire n'ait plus blanchi, " quarante ans avant la destruction du Temple ". Le blanchissement ou non de ce ruban dépendant entièrement de Dieu, le seul qui puisse décider s'il veut ou non accorder son pardon. D'où la question : Pourquoi Dieu ressusciterait t-il un imposteur ? Et qu'est ce qui fit que Dieu " quarante ans avant la destruction du Temple " , ait été en colère au point de faire s'effondrer les portes massives du Temple et de ne même plus vouloir agréer le sacrifice de Kippour ? Peut-on en dire autant de Rabbi Nahman en lequel je ne crois pas ? Ou bien Yéshou`a était-il réellement un mesith et que tout cela a été orchestré par le Ciel simplemen pour tester l'obéissance du peuple juif ? Mais qu'est ce qui le prouve sachant que toutes ces aggadoth, auxquels s'accrochent les adversaires contemporains de Yéshou`a et sans lesquelles c'est tout leur édifice qu'ils ont construit sur la base de la haine gratuite envers ce personnage qui s'effondre, ne revêtent aucun caractère d'historicité ?

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    2. Vous dites :
      " D.ieu demande qu'on se soumette aux dirigeants du peuple, même si l'on sait que des erreurs peuvent arriver "
      Et c'est la Mishnah elle-même qui prescrit à celui qui pense qu'ils se trompent de désobéir tant qu'on ne lui a pas démontré en quoi sa position est fausse étant donné que le sacrifice ne couvre que les péchés de ceux qui ne savaient pas ( shogegim ) , pas de ceux qui savent mais qui mettent sciemment de côté la vérité (mezidim ) par crainte des hommes ou pour leur plaire à eux plutôt qu'à Celui qui les a créé.

      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2019/10/ni-droite-ni-gauche-deut-1711.html

      https://talmidyeshoua.blogspot.com/2020/06/reponse-aux-objections-rabbiniques-la_16.html

      " Quand vous avez la totalité des Sages, sans exception, qui destituent la messianité de Yeshua, pourquoi vous choisissiez de désobéir, en savons-nous davantage qu'eux ? "

      Etant donné que c'est la démonstration , et non la répétition , qui permet d'établir la véracité d'une chose, surtout lorsqu'elle a été mainte et mainte fois réfutée , je vous invite à (re)lire mes précédentes réponses.

      " Si l'on considère que Yeshua est le messie alors toute la guemara s'envole, la halakha est caduque ... tout est faux et c'est la fin du judaïsme. "

      Justement, non, puisque celui-ci a dit n'être pas venu mettre fin à la Loi et ordonna à ses disciples d'obéir à ceux qui sont assis dans la chaire de Moïse, c'est à dire, dans les limites de l'autorité que leur confère la Loi. Je trouve tout de même étrange que ce soit vous qui me le dites sachant que si les sages ont une autorité absolue , et peuvent , comme vous le suggérez , annuler même la Loi , cela voudrait dire que si demain , ils disent que le porc est pur et que l'on peut se prosterner devant le dieu Shiva et l'adorer , vous seriez alors tenus de leur obéir et d'apostasier .

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    3. Bre , si vous avez des arguments concrets , n'hésitez pas. Sinon, cessez de répéter à l'infini les mêmes propos. C'est non seulement fatiguant , mais ce blog n'est une plateforme de prosélytisme Breslev.

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  9. Si j'ai donné l'impression de faire du prosélytisme Breslev c'est une faute de ma part, non seulement je ne cherchais pas à parler du mouvement Breslev mais plutôt de l'homme Rabbi Nahman et une faute encore parce que la torah de Rabbi Nahman est tout sauf prosélyte contrairement à Habad ou Nazaréenne.

    Pour être clair, je pensais vous exposer des arguments miroirs qui au lieu de vous impatienter auraient dû vous stimuler davantage encore pour affiner vos recherches ou bien créer de nouvelles rubriques. Si la vocation du blog est de ramener des juifs à reconnaître leur messie alors il me semble qu'il faut accepter toutes les questions qu'un Juif se pose et exclure le din dans vos réactions.
    Les arguments que je vous soumets sont ceux de l'histoire plurimillenaire de tout un peuple, vous pouvez acceptez l'idée qu'on ne peut se suffire toujours d'un renvoi à un lien avec en somme le message suivant : débrouillez-vous avec ça, y a tout dedans. Et 24h plus tard on lit le message de l'autre.
    Yeshua a véhiculé l'humanité dans les Mitsvot et il chassait l'impersonnel et le détachement, ne s'est-il pas ému devant l'insistance d'une non juive lorsque sa fille était atteinte d'une perte de sang depuis des années ?
    Kol cheken pour des juifs qui s'intéressent à votre travail censé diffuser ce hessed yeshuatique.

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  10. Dans quelle strate ou monde situez-vous le corps de Yeshua s'il est ressuscité ?
    A la droite de D.ieu signifie bcp se choses.

    Quelle considération accordez-vous au Rashbi, au Ari Zal, au baal chem tov et à rabbi Nahman par rapport à leurs propres déclarations qui empêchent finalement l'existence de votre adhérence en Yeshua, comment conciliez-vous tous ses paradoxes ?

    La halakha n'est pas un sujet qui me gêne puisque Le rabbi Yeshua lui-même semble être possek comme Hillel hazaken et que de toutes façons, sa mission n'était pas de venir trancher la halakha suivant la lecture que j'ai, il l'a laissé justement à ceux qui sont assis dans la chaire, donc les dayanim.

    Avez-vous reçu ou connaissez-vous des personnes ayant reçu ce fameux dibour hakodesh, parler en langues, qui paraît être le signe d'avoir reçu le Rouah hakodesh dans le livre des Actes, à chavouot je crois ?
    Paul disait qu'il permettait d'exprimer des soupirs inexprimables. J'ai retrouvé la même idée chez rabbi Nahman (excusez moi) qui enseigne que prier D.ieu avec ses propres mots (hors amida) était du niveau de rouah Hakodesh.

    Pourquoi tout le judaïsme s'effondrerait si la messianité de Yeshua était avérée ?
    Vous me répondez non au contraire.
    Pourtant, tous les amoraim, rabbins et mekoubalim auraient trompé le peuple durant 2000 ans, même par ignorance (l'ignorance est de la cruauté selon rabbi Nahman), nos Sages seraient donc le chorech de la sinat hinam ?
    Il resterait la halakha qui résiste à cela mais la guemara écrite par eux, le zohar écrit par celui qui dit faire tenir le monde par son seul mérite, et la suite, ne vaut pas plus que des écrits consultatifs, loin de l'inspiration divine affichée ?

    Peut-être Menahem, créer une rubrique qui évoquerait ces fortes contradictions, sans les présenter de manière tranchée en les opposant radicalement à la torah de Yeshua, serait productif. Trouvez le chalom.

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  11. Le fait que vous ne puissiez pas envisager le judaïsme sans accorder une fois aveugle à toutes ces somnités ne veut pas dire que nous sommes pareil. Que l' Atiq yomin se soit révélé ou non à Rashbi ou que l'Eternel ait ou non accompli ces miracles dont vous parlez ne change rien à ma croyance en Dieu et en sa Torah qui ne dépend pas de ces questions là. Le fait que Dieu ait , dans sa clémence et sa grande miséricorde, agit en faveur de la descendance de Jacob qui ne lui a toujours pas été fidèle, ne prouve en rien qu'il agrée les erreurs que la plupart professe . Quant au Zohar, qui a conservé des traditions authentiques et qui comporte des passages pertinents qui permettent parfois de mieux comprendre l'Ecriture, le citer n'implique pas nécessairement de partager toutes les positions de ses auteurs, d'autant plus qu'il enseigne des choses auxquelles des sages, comme rabbenou Sa'adiah Gaon qui rejette catégoriquement la croyance au guilgoul et aux émanations, se sont opposé , que tout n'y est pas le fruit d'une révélation et qu'on s'en est passé jusqu' à ce qu'on le découvre au Moyen-âge ... ou l'écrive selon Léon de Modène (Séfer Ari Noham) et le Ya'avets (Mitpa'hat Sfarim) qui ont de bons arguments. Le judaïsme, qui a une histoire vieille de trois mille ans, ne se limite pas au Tanya, aux Si'hoth de Schneerson, au Likkouté Mohara"n ou aux vidéos de Dynovisz.

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  12. Vous dites :
    " je pensais vous exposer des arguments miroirs qui au lieu de vous impatienter "
    Ce qui m'impatiente , comme vous le dites , ce n'est pas vos arguments , auxquels j'ai mainte et mainte fois répondu de plusieurs manières , mais la répétition , justement . Or, la moindre des choses , c'est de tenir compte des réponses de son interlocuteur surtout lorsqu'on vient l'aborder sur son propre terrain. Quant aux liens, pourquoi me fatiguer à recopier lorsque les réponses s'y trouvent ? Après, libre à vous d'en tenir compte ... ou pas.

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  13. Je comprends mieux votre raisonnement. Vous d'adoptez pas le principe du tout ou rien. Ce n'est pas ou tout bon ou tout faux. Ça répond déjà à quelques-unes de mes questions.
    Je pensais que si une personne était du niveau du tsadik tel que le Rashbi alors tout son zohar était irrévocable mais voyez je ne savais pas que le Gaon Saadia rejetait le Guilgoul et pourtant il appartient bien à la tradition juive.

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    1. C’est ce que vous auriez dû comprendre dès le début si vous aviez préalablement lu l’article au lieu de vous empresser de répondre.

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  14. Je n'ai pas compris le sens de votre première phrase : Le fait que vous ne puissiez etc...
    Pouvez-vous reformuler ?

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  15. Je ne me rendais pas compte vous faire répéter les mêmes idées. J'avais le sentiment de ne pas trouver de réponse complète à mes interrogations. Je m'étonne tout de même que vous vous impatientiez, à votre place je me réjouirais au contraire.

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  16. Avez-vous lu la question sur le parler en langues que je vous ai posée ?

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    1. Seul Paul en fait une expression externe de la vrai foi, et même lui avait dit que " les langues cesseront "(1 Corinthiens 13:8).

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  17. Avez-vous lu celle de la localisation du Gouf de Yeshua après qu'il montât a la droite du Père selon les Actes et les Evangiles ?

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    1. J’avoue avoir un peu de mal à saisir : Est-ce une objection contre les apôtres, ou bien contre le Psaume 110, interprété comme une référence au Mashiah dans tous les midrashim anciens, et le verset de Daniel 7 :9 où il est parlé de « trônes », « l’un pour Dieu et l’autre pour le messie » (Sanhédrin 38a ) ?

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  18. Les textes neotestamentaires sont extrêmement controversés. Nombre de points que vous avez d'ailleurs relevés qui étaient contraire à la Tradition Juive et vous avez démontrés comme étant des corrections des scribes chrétiens (immaculée conception, netilat yadaim et autres).
    Du fait, que ce sont des textes non reconnus par notre Tradition Juive (officielle) et de plus clairement remaniés, comment peut-on alors croire à ce que ces textes racontent, le scénario des miracles, celui de l'annonce de sa pendaison au bois 3 jours avant, la trahison prévue, la résurrection, peuvent aussi, logiquement, appartenir à une fable habilement bien conçue comme Pierre dans son épître en parle ?

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  19. Menahem, j'ai besoin de vous contacter en urgence en mp s'il vous plaît. Ce n'est plus pour discuter.
    Comment procéder ?

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    1. Vous pouvez me joindre à cette adresse e-mail : menahem.netsari@gmail.com

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  20. shalom il serai tres interessant de consuter le site internet "Teshouvot.com" "La vrai histoire de jc" par le Rav expert sur le sujet en la matiere sur le temoignage de l existence de plusieur Yeshou qui tous n ont absolument rien n avoir avec Yeshou(a)Hanotsri dans les ouvrages de tout les chass

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