vendredi 21 août 2020

Réponses aux objections rabbiniques à la messianité de Yéshou`a, partie 5

Objection :

« Malachie 3:4 dit dans le contexte de l’avènement du messie que « l’Eternel prendra alors plaisir aux offrandes d’Israël et de Juda, comme aux jours antiques, dans les années d’autrefois ». Comment le messie aurait t-il pu alors venir à une époque où l’on offrait encore des offrandes à Dieu, pendant l’ère du deuxième Temple ? Il est évident que le messie doit venir à une époque où nous n’avons pas la possibilité d’apporter des offrandes à Dieu, donc pendant l’Exil  » (Torah Box)

Réponse :

Rien dans le texte ne permet de situer la venue du Mashiah au moment où les sacrifices n’ont plus court. Il y est en effet simplement affirmé que l’Eternel  agréera de nouveau les offrandes de Juda et Jérusalem comme ce fut le cas autrefois. L’implication en est que Dieu, avant cela, n’a pas agréé ces sacrifices et pas nécessairement qu’il n’y en a pas eu. Cela va de soit quand on sait que le rôle de l’Elie précurseur du Mashiah est d’exhorter le peuple à se repentir (Malachie 3:22-23). Or, qui dit repentance, dit se détourner de l’impiété, et comme l’enseigne le livre des Proverbes, le Très Haut tient en abomination le sacrifice des impies זבח רשעים תועבת יהוה (Proverbes 15:8). Il n’est pas difficile de comprendre que Dieu aurait « pris plaisir aux offrandes  de Juda et de Jérusalem, comme aux jours antiques », si le peuple avait adhéré à l’exhortation de cet Elie qui devait venir et en lequel nous reconnaissons Yohanan ha-matbil (Jean le baptiste).

Objection :

Vous dites que les enseignements de Yéshou ont été dénaturés par les goyim et que la secte juive qu’il a fondée a disparu. Pourquoi Hashem aurait t-il permis qu’une chose pareille se produise si c’était Sa volonté que Yéshou et ses sectateurs ont enseigné ?

Réponse :

Nous ne pouvons accoder la moindre validité à cet argument compte tenu de ce qu’affirme le texte biblique :

הנה ימים באים, נאם אדני יהוה, והשלחתי רעב, בארץ:  לא-רעב ללחם, ולא-צמא למים--כי אם-לשמע, את דברי יהוה ונעו מים עד-ים, ומצפון ועד-מזרח; ישוטטו לבקש את-דבר-יהוה, ולא ימצאו

« Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une disette dans le pays, non point une disette de pain, ni une soif d’eau, mais celle d’ouïr les paroles de l’Éternel. Alors ils seront errants d’une mer à l’autre mer, et vers le nord et vers l’orient ils se précipiteront pour aller en quête de la parole de l’Éternel, mais ils ne la trouveront pas » (Amos 8:11-12)

Le Talmud, qui reprend cette prophétie, l’explique de la sorte ;

כשנכנסו רבותינו לכרם ביבנה אמרו עתידה תורה שתשתכח מישראל שנאמר (עמוס ח) הנה ימים באים נאם ה' אלהים והשלחתי רעב בארץ לא רעב ללחם ולא צמא למים כי אם לשמוע את דברי ה' וכתיב (עמוס ח) ונעו מים עד ים ומצפון ועד מזרח ישוטטו לבקש את דבר ה' ולא ימצאו דבר ה' זו הלכה וכו' התניא רבי שמעון בן יוחי אומר חס ושלום שתשתכח תורה מישראל שנאמר (דברים לא) כי לא תשכח מפי זרעו אלא מה אני מקיים ישוטטו לבקש את דבר ה' ולא ימצאו שלא ימצאו הלכה ברורה ומשנה ברורה במקום אחד

«  Lorsque nos rabbins entrèrent dans le vignoble de Yavné, ils dirent : La Torah est destinée à être oubliée en Israël, ainsi qu’il est dit : Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai une disette dans le pays, non point une disette de pain, ni une soif d’eau, mais celle d’ouïr les paroles de l’Éternel. Et : Ils seront errants d’une mer à l’autre mer, et vers le nord et vers l’orient ils se précipiteront pour aller en quête de la parole de l’Éternel, mais ils ne la trouveront pas.  La parole de l’Eternel, c’est la halakhah (…) Rabbi Shime`on ben Yohay enseigna : A Dieu ne plaise que la Torah sera oubliée en Israël, puisqu’il est dit : « Il ne doit ni être oublié, ni cesser d’être dans la bouche de leurs descendants » (Deutéronome 31:21). Il faut interpréter les mots « ils se précipiteront pour aller en quête de la parole de l’Éternel, mais ils ne la trouveront pas » comme voulant dire qu’ils ne trouveront pas une halakhah claire ou une loi orale claire en un endroit »  (Talmud de Babylone, Shabbath 138b-139a)

Les tanaïm ayant déclaré qu’il arrivera un moment où la Loi Orale  disparaîtra, c’est la présente objection qui peut être retournée contre son émetteur. Il est à noter que le Talmud rapporte en d’autres endroits que la Loi Orale a été en partie oubliée à plusieurs reprises et rétablie par les prophètes (Talmud de Babylone Soukkah 44a, Méguilah 3a, Yoma 80a). La preuve avancée par Rabbi Shime`on ben Yohay pour appuyer l’interprétation non moins plausible selon laquelle l’explication traditionnelle ne sera pas perdue mais ne se retrouvera simplement pas « en un endroit » במקום אחד, c'est-à-dire qu’elle sera eparpillée parmi les différents courants comme ce fut déjà le cas pendant l’ère tannaïtique, n’est pas concluante. Le peshat (sens obvie) du verset du Deutéronome 31:21 sur lequel il se base ne parle en effet pas de la Loi, mais du cantique de Moïse. En tout cas, il en va de même de la doctrine de Yéshou`a, qui n’a pas disparue mais qui, pour reprendre les expressions de Rabbi Shime`on ben Yohay, ne se trouve juste pas « en un endroit » במקום אחד, une   partie, la Torah, se trouvant chez les juifs et l’autre partie, la croyance en sa messianité, chez les chrétiens. 

Objection :

Regardez  tout ce que nous avons enduré à cause de Yéshou. Il n’a fait que nous apporter souffrances et persécutions.

Réponse :

Les atrocités perpétrées par la chrétienté hérétique à l’encontre du peuple juif tout au long de son Exil est indéniable. Il n’empêche néanmoins qu’il est contradictoire d’accorder foi aux aggadoth talmudiques qui mentionnent Yéshou`a et l’accuser de ces crimes. Le traité Guitin 56a du Talmud de Babylone lui attribuant cette réponse faite à Onqélos qui aurait invoqué son âme au moyen de la nécromancie :

טובתם דרוש רעתם לא תדרוש כל הנוגע בהן כאילו נוגע בבבת עינו

« Cherche à leur faire du bien (aux juifs), mais ne cherche pas à les nuire, car tous ceux qui les touche est considéré comme ayant touché à la prunelle des yeux de Dieu »  

Il n'est toutefois nul besoin de ces fables anti-chrétiennes, fruit de la polémique entre la Synagogue et l’Eglise, pour le savoir. En effet, les évangiles relatent que Yéshou`a a « pleuré » lorsqu’ il a prophétisé les catastrophes qui allaient s’abattre sur la nation (Luc 19:41-44).  Par conséquent, au lieu d’accuser un homme innocent, tsadiq de surcroît, peut-être est t-il grand temps de faire une repentance complète afin que Dieu pardonne les péchés qui sont la cause réelle de toutes ces souffrances ?

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